Eglises d'Asie

Timor occidental : l’évêque d’Atambua demande aux catholiques de rendre les biens volés au Timor-Oriental

Publié le 18/03/2010




L’évêque d’Atambua au Timor occidental a demandé aux catholiques de son diocèse de rendre les biens volés au Timor-Oriental à la faveur du chaos qui a suivi le référendum du 30 août dernier, référendum qui a vu les Timorais de l’Est se prononcer massivement en faveur de l’indépendance de leur territoire et qui a marqué le début d’une campagne de destruction du Timor-Oriental par les milices pro-indonésiennes, soutenues par l’armée indonésienne.

« Les responsables catholiques m’ont demandé de lancer un appel à tous les gens du district de Belu, et spécialement aux catholiques, de rendre les biens volés à leurs propriétairs du TimorOriental« , a déclaré Mgr Antonius Pain Ratu, évêque d’Atambua, le 17 octobre. L’évêque a également demandé aux catholiques de ne pas « commettre de péchés de vol en achetant du matériel vendu par les pillards« . Cet appel a été lancé au cours de la messe dominicale dans la cathédrale d’Atambua. « En tant que catholiques, il nous est interdit de voler, d’utiliser ou de consommer des biens volés, même si nous les avons achetés« .

Mgr Pain Ratu a fait cette mise en garde alors que bat son plein la vente à des prix dérisoires des biens volés au Timor-Oriental. Les témoins affirment que les miliciens pro-indonésiens et le personnel militaire indonésien vendent les biens qu’ils ont pillé dans les maisons abandonnées et les magasins de Dili, capitale du Timor-Oriental, avant d’y mettre le feu. D’après des sources locales, il s’agit de biens d’équipement ménager et de matériel électronique, de motocyclettes, d’automobiles, d’antennes paraboliques et des matériaux de construction bradés à des prix très bas.

Selon le témoignage de Vincent Tobu, un enseignant catholique, laïc engagé, des gens sont venus plusieurs fois chez lui pour lui vendre, à bas prix des téléviseurs ou des motocyclettes. « Ils m’ont demandé d’acheter leur marchandise mais j’ai refusé parce que je savais que c’étaient des choses volées et que je me serais senti coupable en les achetant« . Daniel Asa, un professeur en retraite et responsable d’une communauté de base, confie pour sa part que cet appel de l’évêque, bien qu’un peu tardif, vient à point nommé parce qu’il croit, dit-il, que beaucoup de catholiques ont acheté des choses volées par les miliciens anti-indépendantistes. Persuadé que les catholiques acheteurs de matériel volé ont à se repentir, Daniel Asa affirme : « Après cet appel de l’évêque, je demanderai, moi aussi, aux membres de mon groupe de ne pas participer à ce trafic« . Beaucoup de prêtres de paroisse, de catéchistes et de membres des communautés de base se disent, eux aussi, prêts à servir d’intermédiaire pour la restitution des biens volés.