Eglises d'Asie

Après l’appel du pape à l’évangélisation de l’Asie, un groupe hindouiste lance une nouvelle campagne anti-chrétienne

Publié le 18/03/2010




Dans une déclaration à l’AFP, le président du Conseil mondial de l’hindouisme (Vishwa Hindu Parishad, VHP), Vishnu Hari Dalmia, a fait part de l’état d’esprit qui règne aujourd’hui dans certains milieux fondamentalistes hindous après la visite du pape en Inde et de l’appel à l’évangélisation de l’Asie qu’il y a lancé. Avant son arrivée, de nombreux tracts et manifestes provenant de groupes hindouistes avaient invité le pape à demander pardon pour les conversions forcées et avaient exigé le retrait des missionnaires. “Non seulement, le pape n’a pas répondu à ces sollicitations, a fait remarquer le militant hindouiste, mais encore il a explicitement et activement encouragé les conversionsIl est donc à craindre que les activités des Eglises chrétiennes redoublent d’ardeur et que les tentatives de conversion des hindous se multiplient. Le président du groupe fondamentaliste en a conclu que les protestations verbales ou écrites ne suffisent plus.

Certes, le groupe continuera son travail de propagande, surtout après l’appel du pape à une nouvelle moisson de la foien Asie pour le troisième millénaire. Mais le temps de passer à l’action est venu. Pour commencer, le VHP se propose de mettre en place tout un réseau d’écoles et de centres de service dans les régions reculées, habitées par des ethnies minoritaires. Cette initiative est destinée à écarter ces populations de l’influence des missionnaires qui travaillent au milieu d’elles. Lorsqu’ils seront davantage instruits, les gens de ces régions seront moins tentés de céder aux pressions évangélisatrices les incitant à la conversion. Pour accomplir cette ouvre de grande envergure et s’opposer à l’action missionnaire, il sera nécessaire de renforcer l’organisation des groupes hindouistes.

Dans les milieux chrétiens de diverses dénominations, on fait remarquer que la minorité chrétienne qui ne représente que 2,4 % du milliard d’habitants de l’Inde a traditionnellement entretenu des relations pacifiques avec la communauté hindoue, ce qui n’a pas toujours été le cas pour les musulmans. Les attaques contre les chrétiens se sont surtout multipliées à partir du moment où l’alliance conduite par le BJP a accédé au pouvoir en mars 1998. Cette violence a atteint son sommet en janvier dernier avec le meurtre d’un missionnaire australien et de ses deux jeunes enfants (6). Certains responsables chrétiens craignent que la réaction du VHP à l’appel du pape entraîne à encore plus de violences. Cependant d’autres, comme le P. Dominic Emmanuel, porte-parole de la Conférence des évêques de l’Inde, espèrent que le bon sens prévaudra au sein des milieux qui, d’habitude, se laissent le plus facilement entraîner par les déclarations de guerre du VHPLe prêtre a également déclaré que l’Eglise catholique est toujours prête à dialoguer.

Informé des arguments avancés par les chrétiens, le responsable du VHP s’est refusé à considérer que le faible pourcentage de la population représenté par les chrétiens en Inde puisse les rendre peu dangereux pour la culture indienne. En plus des 2,4 % de chrétiens affichés, il existe, affirme-t-il, un grand nombre de cryptochrétiens qui ne dévoilent pas leur religion. C’est un complot destiné à berner les hindous !” Beaucoup dans les milieux hindous modérés ne partagent pas l’agressivité anti-chrétienne du VHP et portent sur ce groupe un jugement très sévère. Un membre hindou de l’opposition, Mani Shankar Aiyar, s’est ainsi exprimé : L’extrémisme du VHP relève davantage d’une intolérance primaire que de la tradition de notre souscontinent qui a toujours célébré la spiritualité des autres et s’est laissée influencer par elle“.