Eglises d'Asie – Vietnam
Huê : chrétiens et marxistes débattent du culte des ancêtres
Publié le 18/03/2010
Les divers intervenants ont abordé le thème du séminaire sous divers aspects. La théologie chrétienne a servi de point de départ à divers exposés. Les propos de l’archevêque du lieu, Mgr Nguyên Nhu Thê, durant la messe d’ouverture du séminaire, ont surtout été inspirés par les instructions de 1659 données par Rome aux premiers vicaires apostoliques leur conseillant un grand respect des coutumes locales. C’est aussi à la théologie et à la mystique que s’est référé le professeur catholique Nguyên Khac Duong qui a institué un parallèle entre la croyance à la communion des saints et la piété filiale due aux ancêtres. On a retrouvé cette même perspective théologique dans l’exposé du prêtre de Huê, le P Dang Thanh Minh, intitulé « La conception catholique de la vénération des ancêtres C’est par le biais de l’histoire que beaucoup d’autres ont traité de la vénération des ancêtres. Le P. Dô Quang Chinh, spécialiste des origines de l’histoire de l’Eglise au Vietnam, a repéré à travers les vieux textes des traces de cette piété filiale dans le culte catholique issu de la première évangélisation. La sociologie et l’ethnologie ont fourni des clefs de recherches au P. Nguyên Van Huong, de Kontum, qui a a parlé du culte des ancêtres dans les ethnies minoritaires, ainsi qu’au professeur Nguyên Hông Duong, de l’Institut de recherches sur les religions qui a fait état d’une très intéressante enquête sur la vénération des ancêtres chez les catholiques. Selon les résultats d’un sondage effectué dans diverses villes du Vietnam en 1993, Les ancêtres sont vénérés par 88,9 % des catholiques de Hô Chi Minh-Ville, 87,4% de catholiques de Huê, tandis que pour la ville de Hanoi, 64,2 % seulement des fidèles de l’Eglise catholiques rendent des marques publiques de vénération aux ancêtres. Cette différence s’explique, a dit le professeur, par le fait que les catholiques du Nord ont été tenus éloignés des enseignements de Vatican II pendant longtemps.
Au total, a conclu Mgr Thê, c’est une atmosphère constructive qui a régné tout au long de ce séminaire, même si certains débats ont quelque fois donné lieu à l’expression de marques d’incompréhension mutuelles. Quelques participants non chrétiens se sont dit heurtés par plusieurs termes du vocabulaire catholique comme « évangélisation du monde » ou « conversion ». Par ailleurs, au nom des ethnies minoritaires où il travaille depuis 30 ans, le P. Tran Sy Tin, religieux rédemptoriste, a souligné la pression culturelle exercée par les Vietnamiens dans le processus d’évangélisation des ethnies minoritaires de culture différente.