Eglises d'Asie

Les tentatives de médiation de l’évêque du lieu n’ont pas réussi a ramener la paix dans la province de Cotabato-nord

Publié le 18/03/2010




Malgré diverses tentatives de médiation et les efforts de la hiérarchie catholique locale, la situation ne s’améliore guère dans l’île de Mindanao. Les perspectives de cessez-le-feu entre les rebelles du Front moro de libération islamique (MILF) et les troupes gouvernementales ne se font guère plus précises. Le 25 novembre, on apprenait que l’entrevue prévue entre le nouveau président indonésien Abdurrahman Wahid et le chef de la rébellion, qui devait avoir lieu à la fin de ce mois, a été annulée et reportée à une date ultérieure. Le ministre indonésien qui a annoncé la nouvelle a expliqué cette décision par des “raisons techniques” sans fixer de date précise pour une future tentative de médiation de son président. Par ailleurs, un responsable du MILF, Ghazali Jaafar, a annoncé le 27 novembre, que les représentants du Front ne retourneraient pas à la table des négociations le 13 décembre comme cela avait été prévu précédemment. Le porte-parole du MILF a expliqué que cette date ne convenait pas car elle coïncidait avec la première semaine du Ramadan qui commence le 9 décembre. La dernière rencontre entre les deux parties avaient eu lieu le 25 octobre 1999 (13). Des négociations entourées d’une certaine solennité avaient été entamées dans un centre islamique de Sultan Kudarat, mais elles s’étaient terminées dans la journée sans que les discussions aient abouti à quelques résultats concrets.

En réalité, les accrochages entre les militaires philippins et les 15 000 hommes du Front de la rébellion musulmane sont sporadiques et peuvent se produire à n’importe quel moment. Les plus récents ont eu lieu le 28 novembre à Tipo-Tipo dans l’île de Basilan et à Sirawai dans la province de Zamboanga du Sud. Les militaires philippins ont annoncé que les pertes rebelles étaient de quatre morts. On s’attend à ce que les attaques des séparatistes contre l’armée philippine se multiplient jusqu’au début du Ramadan, période durant laquelle, traditionnellement, les troupes du MILF observent une certaine trêve.

Après les négociations avortées du 25 octobre, le 8 novembre suivant, les guérilleros du MILF s’étaient emparé d’une série de villages revendiqués comme faisant partie de son territoire. Les hostilités avaient aussitôt repris autour de la ville de Carmen dans la province de Cotabato-nord et fait au total 40 morts. Pour la seule journée du lundi 11 novembre, on avait compté huit morts, deux appartenant aux forces gouverne-mentales, six aux troupes rebelles. Plus de 20 000 civils avaient fui la région des combats. 17 000 d’entre eux environ sont encore pensionnaires dans divers camps d’évacuation de la province de Cotabato-nord. Dans cette même province, le 14 novembre, 200 hommes du MILF avaient pénétré à l’aube dans le village catholique de Tibao et s’étaient emparés d’une centaine de ses habitants. Ceux-ci ont été libérés en bonne santé après avoir été détenus une douzaine d’heures dans l’église du village.

Mgr Romulo Valles, évêque de Kidapawan, diocèse où ont eu lieu les plus récents accrochages, a, ces temps derniers, gardé le contact avec les responsables de la rébellion et multiplié les tentatives de réconciliation. Deux stations de radio catholiques ont été mises à la disposition de responsables MILF pour des appels à la paix. Certaines institutions catholiques du diocèse, comme l’université Notre Dame de Cotabato, sont activement engagées dans la préparation de pourparlers de paix. Le 15 novembre, l’évêque a publié une lettre pastorale intitulée Guide nos pas sur le chemin de la paix“. Il est persuadé, dit-il, que la paix a besoin non seulement des efforts des parties en conflit mais de l’initiative et de la bonne volonté de tous. Il appelle à arrêter immédiatement la lutte armée. Dans l’usage de la violence, souligne-t-il, il n’y a pas de vainqueurs ; tous sont perdantsL’évêque demande aussi que l’on cesse de publier, de part et d’autre, des communiqués belliqueux et blessants.