Eglises d'Asie

L’organe du Comité d’union du catholicisme invite l’Eglise au Vietnam à se repentir de fautes commises au cours de son histoire

Publié le 18/03/2010




Dans son supplément mensuel du mois de novembre (27), la revue “Catholicisme et nation” invite l’Eglise du Vietnam au repentir à l’approche de l’an 2000. L’auteur de l’article, un membre important de la rédaction de la revue qui a adopté le pseudonyme “Huong Kheappuie son invitation sur les directives contenues dans la lettre apostolique de Jean-Paul II sur le troisième millénaire, demandant à l’Eglise de se repentir de fautes commises par ses fils au cours des siècles passés. Dans le même esprit, les évêques du Vietnam dans leur plus récente lettre pastorale intitulée “Réjouissez-vous” (28) avaient également mentionné “les fautes collectives de l’Eglise, de chaque diocèse, de chaque paroisse” dont il fallait se repentir. Selon l’auteur de l’article, le repentir de l’Eglise au Vietnam devrait se porter sur quatre points précis appartenant à l’histoire passée mais dont les conséquences se font sentir aujourd’hui encore.

En premier lieu, l’article déplore que l’évangélisation au Vietnam ait été réalisée à partir d’une conception incorrecte de la mission en ce qui concerne l’adaptation du message évangélique à la culture du pays. L’évangile prêché au Vietnam, auparavant pensé et vécu en Occident, était étranger à la mentalité du Vietnam. La condamnation des rites orientaux en 1742 a illustré cette attitude de défiance de l’Eglise de l’époque à l’égard des cultures locales. Cette interdiction a paralysé l’évangélisation en Asie et a empêché les catholiques d’intégrer les cultures locales à l’intérieur de leur foi et de leur comportement. De cela, c’est l’Eglise toute entière qui devrait se repentir.

Les terribles persécutions qui ont fait une centaine de milliers de morts au Vietnam ont pour origine, affirme Huong Khe, un type d’évangélisation non approprié qui a fait craindre aux autorités locales que les chrétiens constituaient une menace pour leur pouvoir. La communauté chrétienne rapidement nombreuse ressemblait à un “Etat dans l’Etat” alors que les missionnaires venaient de l’étranger et menaient une action clandestine à l’intérieur du royaume. Telle serait la raison des persécutions des dix-septième et dix-huitième siècles. Au dix-neuvième siècle, la colonisation française aurait justifié les craintes des empereurs vietnamiens qui ont alors redoublé de violence contre les chrétiens. Aujourd’hui, l’Eglise qui s’est déjà repentie pour son indifférence devant le massacres des Indiens d’Amérique, devant la traite des noirs en Afrique, devant la shoah, ne devrait-elle pas demander pardon pour ses erreurs dans l’annonce de l’Evangile en Asie ?

La trop grande docilité des chrétiens vietnamiens, dont tous les missionnaires se sont félicité depuis les tout débuts de l’évangélisation, devrait elle aussi faire partie de la révision demandée par Jean-Paul II. Les empereurs vietnamiens se sont étonnés de voir leurs sujets se plier avec plus de soumission aux directives religieuses des prêtres étrangers qu’aux ordres édictés par eux. Cette docilité des catholiques, selon l’auteur de l’article, se serait ensuite reportée sur les Français, qu’ils auraient aidés dès le début lors du débarquement de Da Nang en 1859. Cette faute devrait être l’objet du repentir de l’Eglise vietnamienne. Le quatrième repentir de l’Eglise devrait porter sur son attitude à l’égard de la Révolution. L’auteur rappelle la lettre des ordinaires d’Indochine du 9 novembre 1951 interdisant aux catholiques vietnamiens de participer à la guerre d’indépendance car c’était collaborer avec les communistes qui dirigeaient le Viêt Minh. Pour la majorité de ses membres, cette attitude négative de l’Eglise à l’égard des autorités révolutionnaires n’aurait, selon l’auteur, guère changé.

Il est peu probable que les propositions de la revue du Comité d’union du catholicisme soient adoptées par les évêques ne serait-ce que parce que, sans doute, ils ne partagent pas sans réserve la vision de l’histoire présentée par l’auteur de cette invitation au repentir.