Eglises d'Asie

A Nha Trang, les autorités religieuses diocésaines réclament au gouvernement des terrains “empruntés” depuis vingt ans

Publié le 18/03/2010




Même s’ils ne prennent pas les proportions de ceux qui avaient agité la paroisse de Tra Cô dans la province de Dông Nai en octobre 1997 (49), les différends opposant les communautés religieuses aux autorités locales à propos de terrains ou de propriétés immobilières sont loin d’être rares au Vietnam, au Nord comme au Sud. Dans la petite paroisse de Vo Xu du diocèse de Phan Thiêt, où la dispute entre les catholiques et les pouvoirs locaux date du changement de régime de 1975, les choses se sont tellement envenimées que les deux parties en sont venues aux mains. A Nha Trang, où la querelle est ancienne et importante, la partie catholique s’efforce depuis plus de cinq ans de faire valoir ses droits à l’aide d’arguments juridiques empruntés aux plus récents décrets de l’actuel gouvernement.

Récemment encore, le 3 novembre 1999, le curé de la cathédrale de Nha Trang, le P. Nguyên Quang Sach, également vicaire général, dans un copieux dossier où ne manque aucune pièce justificative, a renouvelé, cette année avec beaucoup plus de gravité, sa plainte annuelle concernant la place Notre-Dame située au pied de la colline où est construite la cathédrale. Ces lieux appartenant sans conteste au domaine de la cathédrale, comme le prouve un nombre impressionnant de pièces jointes au dossier, ont été empruntésdans leur presque totalité depuis vingt ans par les autorités municipales qui ont fini par les considérer comme leur propriété et exigent même, depuis quelque temps, que les responsables catholiques évacuent ce qui leur reste d’immobilier sur ces terrains, à savoir une statue de la Vierge et des constructions.

Un accord avait été conclu, en 1979, entre les autorités locales et le curé de la cathédrale, selon lequel une grande partie de ce terrain comportant certaines constructions était prêtée à la municipalité de Nha Trang pour y installer le siège d’activités en rapport avec la culture et la communication. 15 ans plus tard, la situation avait changé et les besoins de la ville de Nha Trang n’étaient plus les mêmes. Par ailleurs, le terrain n’était plus utilisé en fonction des fins inscrites dans l’accord primitif : on pouvait même y voir un bar, une cabine téléphonique. C’est pourquoi, la paroisse de la cathédrale fit cette année là, le 11 juillet 1994, une demande officielle exigeant que la place de la cathédrale lui soit rendue afin qu’elle puisse être utilisée à des fins religieuses. La demande n’eut droit à aucune réponse, pas plus cette fois-là, que durant les années qui ont suivi où les responsables religieux renouvelèrent leur demande de restitution.

Des éléments nouveaux sont intervenus tout récemment, qui ont grandement aggravé la situation. Pour améliorer la circulation autour d’un rond point tout proche, les autorités ont amputé la place d’une importante partie de sa surface sans en discuter avec la paroisse et sans lui proposer un quelconque dédommagement. La plainte envoyée à ce sujet par le curé de la cathédrale proposait un compromis et un arrangement au sujet de cette amputation, à condition que le reste du terrain lui soit rendu ; mais la proposition est restée comme les précédentes sans réponse. Pour finir, tout récemment la municipalité faisait savoir à la paroisse catholique que celle-ci devait récupérer les propriétés de l’Eglise encore en place sur ce terrain, à savoir la statue de la Vierge et une construction, car le Comité populaire de la ville avait décidé de transformer cette place en jardin fleuri municipal.

Dans la réponse faite à l’ultimatum de la municipalité de Nha Trang, le vicaire général du diocèse souligne l’absence totale de fondements juridiques aux exigences formulées dans la dernière lettre. Par contre, le P. Sach produit des titres de propriété indiscutables dont les plus anciens datent de 1928. La lettre s’appuie sur un grand nombre de textes de lois et de décrets récemment publiés, pour montrer que la restitution des terrains autrefois empruntés par le gouvernement s’impose aujourd’hui.