Eglises d'Asie

Florès : retour à son lieu d’origine d’une pierre d’autel de la religion traditionnelle

Publié le 18/03/2010




Début décembre, dans l’île de Florès, majoritairement catholique, le P. Matheus Bala, curé du diocèse de Larantuka, a célébré une messe devant 500 catholiques, dans une chapelle en ruine du village de Nawokotek, afin de rendre à la population locale une pierre d’autel appelée “nuba nara” qui servait autrefois aux rites de la religion traditionnelle animiste.

En 1938, un missionnaire hollandais, le P. Clouters, avait déplacé cette pierre de son site d’origine, pour la sceller sous l’autel de la chapelle de Nawokotek. Il souhaitait ainsi “christianiser” cette pierre et combattre les restes d’animisme parmi les nouveaux catholiques dont il avait la charge. A l’époque, ce nuba naraétait le lieu de rituels destinés à entrer en communication avec l’Etre suprême appelé Lera Wulan Tana Ekan (ciel, lune et terre). En 1992, lorsque Florès a été touché par un tremblement de terre, la chapelle de Nawokotek a été gravement endommagée. Lorsqu’une nouvelle église fut construite non loin de là, la pierre nuba narafut délaissée.

Après la messe, les chefs coutumiers ont porté ce nuba naraen procession jusqu’à son site d’origine, situé à un kilomètre de Nawokotek. Là, ils ont badigeonné la pierre de sang animal tandis que le P. Bala aspergeait d’eau bénite le lieu où la pierre avait été déposée. L’un des chefs et ancien responsable de village, Mikael Dare, a déclaré que le nuba naraallait devenir un centre pour les activités religieuses coutumières. Il a ajouté que le retour de la pierre sur son site aidera les villageois à maintenir leurs traditions : Notre intention est de préserver la culture traditionnelle sans délaisser notre foi catholique“. Cependant, certains observateurs locaux se sont posés la question de savoir si la demande du retour du nuba narasur son site d’origine n’était pas davantage motivée par un intérêt d’ordre touristique que par la remise en vigueur d’une coutume animiste.