Eglises d'Asie

Le président indonésien fait l’éloge de personnalités catholiques asiatiques et évoque les conflits interreligieux de son pays

Publié le 18/03/2010




Au sommet des pays de l’ASEAN qui s’est déroulé à Manille à la fin du mois de novembre, l’attention de beaucoup s’est portée sur la personne du président indonésien Abdurrahman Wahid non seulement à cause de sa toute récente accession au pouvoir, mais aussi pour les énormes problèmes aussi bien politiques qu’économiques auxquels il va devoir faire face. On a d’autant plus remarqué les appréciations fort élogieuses portées par ce dirigeant musulman sur un certain nombre de personnalités catholiques de l’Asie du Sud-Est, qu’il a appelées des maîtres en démocratie. Il a cité en particulier le cardinal Jaime Sin, l’ancien président des Philippines, Mme Corazon Aquino, et l’actuel président de la Corée du Sud, Kim Dae Jung. L’analyse livrée par lui à la presse, concernant la situation intérieure de son pays et les divers conflits interconfessionels qui agitent certaines de ses régions, a surpris par sa franchise et sa modération.

A l’occasion d’une conférence de presse prononcée le 28 novembre, le président indonésien a évoqué le cardinal Sin qu’il avait rencontré la veille et dont il avait reçu des remerciements pour le bon accueil réservé aux missionnaires philippins en Indonésie. Il a affirmé de lui qu’il avait été le pédagogue du pouvoir populaire, enseignant comment protéger une démocratie et comment lutter pour la liberté. Le rôle joué par Mgr Sin, lors du soulèvement pacifique de 1986 qui avait mis un terme à la dictature du président Marcos, a été tout particulièrement admiré par le président indonésien. Pour Abdurrahman Wahid, le président coréen, Kim Dae Jung, également un maître en démocratie, est surtout l’auteur d’un écrit qui, a-t-il dit, l’a beaucoup inspiré. Il s’agit d’un poème intitulé Se serrer les mains dans la prièreécrit par le président lorsqu’il était en prison dans les années 1970 durant la dictature militaire. A Mme Corazon Aquino, avec qui il a eu un entretien le 28 novembre, le nouveau président indonésien a confié que l’ex-président Suharto devrait se repentir et rembourser l’argent détourné dans l’exercice du pouvoir. L’ancienne dirigeante philippine a répondu avoir eu des problèmes analogues avec l’ancien dictateur Marcos.

Dans un entretien avec l’agence Ucanews, le président a aussi évoqué la situation intérieure de son pays marquée, en certaines régions, par des conflits d’ordre ethnique et religieux. Son gouvernement, a-t-il affirmé, patronne et soutient le dialogue entre les dirigeants des diverses religions. Il a cité les rencontres organisées dans les mosquées, les églises et les temples par l’agence gouvernementale pour le dialogue interreligieux. Dans ses remarques sur la situation interreligieuse à Amboine dans les Moluques, il a souligné que les conflits au sein de la population avaient pour cause, les inégalités existant entre musulmans et non-musulmans qui dataient de l’époque hollandaise. La situation est différente à Aceh où les séparatistes intensifient leurs revendications depuis le vote majoritaire de la population de Timor-Oriental pour l’indépendance. Le président a répété que le référendum envisagé pour cette région de Sumatra porterait non pas sur l’indépendance mais sur l’application de la loi musulmane.