Eglises d'Asie

Les corps de trois prêtres sont exhumés d’une fosse commune

Publié le 18/03/2010




Les corps de trois prêtres tués au cours des massacres qui ont suivi le référendum du 30 août dernier ont été découverts parmi les 26 corps exhumés de trois fosses communes mises à jour dans un village situé au Timor occidental. La “Commission gouvernementale d’enquête sur le non-respect des droits de l’homme au Timor-Oriental” (KPPHAM) a exhumé, le 25 novembre, les corps de trois fosses communes situées sur le territoire du village d’Alas Satan, dans le district de Belu, à trois kilomètres à peine de la frontière du Timor-Oriental. Parmi les 26 corps exhumés, trois sont ceux des P.P. Tarcisius Dewanto, Hilario Madeira et Francisco Soares, indique un communiqué de presse de cette commission datée du 30 novembre. “Tous les corps n’ont pu être encore identifiés mais il y a parmi eux des femmes et des enfants,” précise-t-il.

Les trois prêtres ont été tués par l’armée et les miliciens anti-indépendantistes dans l’église de la paroisse de Suai à 100 km de Dili, le 6 septembre, alors qu’ils tentaient de protéger les centaines de Timorais réfugiés dans l’église (24). Les survivants affirment qu’il y eut là plus d’une centaine de morts. La commission a remis les corps des trois prêtres au P. Louis Bonaparte, représentant du diocèse de Dili, dans la nuit du 26 novembre.

H. S. Dillon, un des membres de la commission d’enquête, a déclaré que les fosses communes avaient été découvertes fin octobre grâce au concours des villageois et qu’on recherchait les assassins. Il indique que le fait que les fosses communes se situent au Timor occidental, à quelque 20 kilomètres de Suai (Timor-Oriental), indiquent que les tueurs possédaient les moyens logistiques suffisants pour transporter les corps. Les témoins affirment que ce sont des camions de l’armée qui les ont transportés. Dillon confirme que l’utilisation de camions militaires implique la participation des militaires dans ce massacre. Des sources sûres mais qui ont demandé l’anonymat, affirment que le lieutenant Sugito, responsable du district militaire de Suai, et Olivio Mandose Moruk, chef de la milice de Laksaur, supervisaient l’inhumation, le 7 septembre, dans le village d’Alas Selatan. Les 23 autres corps ont été remis à la Croix-Rouge internationale (CICR) le 27 novembre, au poste de contrôle du village de Mota Ain.

De son côté, l’ancien chef des forces armées indonésiennes (TNI), le général Wiranto a déclaré aux journalistes du quotidien Kompas, le 11 décembre, qu’il réfutait toutes les accusations portées contre l’armée indonésienne et contre lui-même comme étant sans fondement. Nous rejetons toutes les accusations portées par la KPPHAM au TimorOriental. Nous voulons un procès propre, impartial et fondé sur des faits,” a-t-il déclaré. Le général Wiranto prépare sa défense, assisté d’un groupe d’avocats. L’un d’entre eux, Adnan Buyung Nasution, s’inquiète et déclare au quotidien Jakarta Post : Si l’opinion publique en vient à se calquer sur les déclarations des membres de la commission, la TNI finira par être jugée coupable“. Le vice-président de la KPPHAM, Todung Mulya Lubis, quant à lui, admet que Wiranto veuille se défendre mais rappelle que les accusations reposent sur les témoignages de témoins oculaires et de preuves rassemblées sur le terrain. D’après le journal Kompas, Lubis constate : Il est vraiment difficile de ne pas faire le lien entre l’implication de la TNI et celle de la police nationale dans ces exactions faites au mépris des droits de l’homme“. Une autre commission d’enquête, celle-ci diligentée par l’ONU, est en ce moment même au travail au Timor-Oriental et devrait livrer ses conclusions directement au secrétaire général, Kofi Annan, vers la fin du mois de décembre (25).