Eglises d'Asie

Les organisateurs décommandent une grande assemblée ocuménique de prière et de guérison par crainte des violences de groupes hindouistes

Publié le 18/03/2010




Pour éviter les violences dont les menaçaient divers groupes fondamentalistes hindous, les organisateurs d’une retraite ocuménique dans l’Etat d’Orissa ont été obligés de décommander par deux fois cette manifestation. Prévue une première fois pour le 5 novembre à Rourkela, ville industrielle et siège d’un diocèse catholique, elle avait été remise à une date ultérieure à cause de la campagne de protestations lancée à ce moment-là par diverses associations hindoues. Le rassemblement de prière, où devaient se succéder pendant trois jours partages bibliques et séances de guérison, avait alors été reporté au 1er décembre. 500 000 chrétiens devaient y participer venant de l’Etat d’Orissa et de trois Etats voisins, le Bihar, le Bengale occidental, et le Madhya Pradesh. Cependant, de nouvelles menaces hindouistes de semer trouble et violences au cours du rassemblement ont obligé l’évêque du lieu, Mgr Alphonse Bilung, et les autres organisateurs, à annuler une fois de plus la réunion prévue.

La première annonce de ce rassemblement avait mobilisé les groupes hindouistes nationalistes et notamment la célèbre association Vishwa Hindu Parishad (Conseil hindou mondial) particulièrement actifs dans cet Etat qui a connu, ces temps derniers, un nombre impressionnant d’agressions anti-chrétiennes, parmi lesquelles les meurtres de six chrétiens. Ils ont accusé cette réunion de viser essentiellement la conversion des ethnies minoritaires et des éléments les plus défavorisés de la population de la région. Le Forum de sensibilisation hindou (Hindu Jagran Samukhya) a mis en circulation quelque 300 000 tracts appelant les hindous à protester contre la tenue de cette assemblée de prière et de guérison. Selon l’évêque de Rourkela, les mêmes associations ont fait pression auprès des pouvoirs publics et de la police de l’Etat pour que l’autorisation de rassemblement ne soit pas accordée aux catholiques et que leur soit refusée la protection policière destinée à assurer la sécurité.

Selon des renseignements recueillis auprès des membres catholiques et protestants du Comité d’organisation, les autorités régionales avaient délivré un certificat de “non-objection” après la première demande d’autorisation de rassemblement du mois de novembre. Cependant, après le terrible cyclone qui a ravagé l’Etat du 29 au 31 octobre, faisant plus de 30 000 morts, l’administration locale s’est déclarée incapable d’assurer la sécurité de la réunion, la totalité des effectifs de la police étant mobilisée sur la région côtière au service des sinistrés. Cette même raison a été invoquée par le pouvoir local pour refuser l’autorisation officielle au rassemblement de décembre.

Les organisateurs de l’assemblée n’ont pourtant pas renoncé à leur projet. Ils affirment que cette réunion de prière interconfessionnelle constituera une étape importante dans la voie de l’unité chrétienne. Tous espèrent fermement qu’elle pourra avoir lieu l’année prochaine.