Eglises d'Asie

“L’Indonésie n’est pas un ennemi,” déclare “Xanana” Gusmao en visite à Djakarta

Publié le 18/03/2010




Au cours d’une visite de quatre jours à Djakarta, Jose Alexandre “Xanana” Gusmao, dirigeant historique de la résistance est-timoraise, a rencontré le président indonésien, Abdurrahman Wahid, afin de poser les bases des relations futures entre l’Indonésie et le Timor-Oriental. Le dirigeant est-timorais est arrivé dans la capitale indonésienne le 29 novembre à l’invitation du président indonésien. Il était accompagné de Jose Ramos Horta, co-lauréat du prix Nobel de la paix, de Mari Alkatari, un musulman est-timorais, et de Tarnat Samuel, représentant de l’ONU.

Nous entamons désormais une nouvelle relation entre le TimorOriental et l’Indonésie. Nous sommes déterminés à faire de notre mieux afin de bâtir des relations de coopération amicales,” a déclaré Xanana Gusmao le 30 novembre. Nous ne venons pas réclamer des réparations, ni demander des comptes sur ce qui s’est passé au TimorOriental,” a-t-il ajouté, précisant qu’à ses yeux, les événements qui ont mené à la crise des mois précédents sont des erreurs [qui appartiennent] au passé“.

L’Indonésie n’est pas, pour nous, un ennemi. Elle est désormais notre voisin. Nous souhaitons établir de bonnes relations et coopérer à l’avenir,” a déclaré celui qui sera très probablement le premier président du Timor-Oriental. Le président indonésien est allé dans le même sens, précisant que les deux nations peuvent regarder de l’avant et oublier le passé“. Nous serons toujours ouverts à la nation esttimoraise,” a conclu Abdurrahman Wahid.

Le président indonésien a répondu favorablement à la demande de Xanana Gusmao de voir libérer les prisonniers est-timorais encore détenus en Indonésie. Dès le 10 décembre, 70 détenus étaient libérés et remis au Comité international de la Croix-Rouge avant d’être rapatriés au Timor-Oriental. Abdurrahman Wahid s’est aussi engagé à ce que son pays autorise les étudiants est-timorais à poursuivre des études dans les universités indonésiennes. Il a enfin chargé le dirigeant est-timorais de transmettre ses salutations aux deux administrateurs apostoliques de l’Eglise à Timor-Oriental, Mgr Belo et Mgr do Nascimento.

A propos des futures institutions de Timor-Oriental, Xanana Gusmao a dit qu’il espérait mettre rapidement sur pied un Conseil consultatif national dont le rôle sera d’assister l’administration provisoire actuelle, sous mandat de l’ONU, à reconstruire le territoire et à préparer les élections générales destinées à désigner un gouvernement permanent. Ce Conseil consultatif rassemblera des membres de l’Eglise catholique, des représentants des organisations politiques du territoire – y compris les mouvements favorables à l’autonomie dans l’Indonésie – et enfin des délégués des Nations Unies. Ces élections générales pourraient être organisées d’ici un an à un an et demi. Tous les partis politiques seront autorisés à y prendre part.

A la suite de l’administrateur apostolique de Dili (23), Xanana Gusmao a aussi déclaré que les Timorais de l’Est qui choisissent de devenir citoyens indonésiens sont bienvenus et libres de venir se rendre en visite au Timor-Oriental.

Par ailleurs, au Timor occidental, la police indonésienne a dû faire usage de tirs de semonce pour empêcher un groupe de miliciens anti-indépendantistes de pénétrer dans une maison des pères du Verbe divin. Ces prêtres, comme les autres membres du clergé au Timor occidental, aident et hébergent une partie des réfugiés est-timorais qui ne sont pas encore retournés au Timor-Oriental. Les miliciens souhaitaient empêcher les prêtres de faire ce travail. Si tous les réfugiés sont rapatriés, rien ne restera pour soutenir la cause ‘prointégration’ au Timor occidental et il n’y aura plus de raison, pour nous, de demander des fonds au gouvernement et à l’armée,” a déclaré Alfredo Araujo, un dirigeant de milice pro-intégration. A franchement parler, nous vivons des fonds alloués aux réfugiés par l’armée et le gouvernement indonésiens,” a-t-il confié.