Eglises d'Asie

Soutenue par un religieux catholique, la plus haute personnalité du bouddhisme hoa hao proteste contre l’oppression dont sont victimes les fidèles de cette religion

Publié le 18/03/2010




Le P. Chân Tin, le rédemptoriste bien connu pour ses appels en faveur de la liberté religieuse et du respect des droits de l’homme, vient de s’associer à la protestation publique diffusée au Vietnam et à l’étranger par M. Lê Quang Liêm, ancien président de l’Eglise bouddhiste hoa hao, aujourd’hui dirigeant de l’Alliance des fidèles du Bouddhisme hoa hao authentique.

Ce texte daté du 1er décembre dénonce l’oppression que les autorités exercent sur la population de la province de An Giang, composée presque exclusivement de fidèles hoa hao. Par ses exactions, ses pratiques discriminatoires, le clan qui détient le pouvoir dans cette régionfait régner la terreur sur l’ensemble des habitants de la province. Les autorités locales mises en cause sont désignées nommément. On y trouve les personnalités politiques les plus importantes de la région, à savoir l’ancien secrétaire de la section provinciale du Parti communiste, son beau-frère, actuel secrétaire, le président du Comité populaire provincial, le président du Front patriotique et d’autres. Ce sont les plus grands concussionnaires que l’on puisse trouver dans toute la plaine du delta du Mékong, affirme l’appel. Tous sont richissimes et affichent au vu et au su de tout le monde des résidences qui ont coûté des milliards de dôngs (45), une situation que le pouvoir central fait semblant d’ignorer

Le même appel accuse le pouvoir communiste de mener une campagne de calomnies contre le bouddhisme hoa hao en faisant publier dans l’organe de la Police Sécurité mondiale des articles dénigrant cette religion et son fondateur (46). Les autorités sont également invitées à respecter les droits de l’homme, à abandonner l’article 4 de la constitution mettant le pays sous la coupe du parti communiste et, surtout à dissoudre la commission de représentants de la religion hoa hao, composée d’hommes du pouvoir.

Quelques jours avant la publication de cet appel, le P. Chân Tin, avait lui-même diffusé un texte intitulé : Appel du P. Chân Tin exigeant la liberté religieuse pour le bouddhisme hoa hao. Il y affirmait ne pouvoir rester indifférent devant la grave menace pesant sur les fidèles hoa hao et surtout sur M. Lê Quang Liêm, le respectable et unique dirigeant de cette religion, qui risque de tomber à n’importe quel moment sous les coups du pouvoir. Le rédemptoriste appelle ensuite tous les Vietnamiens à l’intérieur et à l’extérieur du pays à faire pression sur les autorités vietnamiennes pour que celles-ci mettent un terme à leur tentative de détruire le bouddhisme hoa hao.

Après une longue période durant laquelle, la religion Hoa Hao n’a eu pratiquement pas d’existence officielle, les autorités vietnamiennes ont approuvé et patronné le 26 mai dernier, dans la province de An Giang, la réunion d’un Congrès auquel participaient, selon l’Agence vietnamienne de presse, environ 120 délégués choisis parmi les adeptes de cette religion (47). Le gouvernement y était représenté par Lê Quang Vinh, chef du bureau des Affaires religieuses du gouvernement et par des délégués des autorités provinciales. A l’issue de ce congrès, un comité d’administration de onze membres a été élu, dont la présidence a été donnée à Nguyên Van Tôn, aussi appelé Muoi Tôn. De nombreux protestataires qui, depuis, n’ont cessé de manifester et de faire entendre leurs voix accusent ce dernier d’être un cadre communiste, travaillant au sein du Front patriotique et du Conseil populaire provincial.

A la fin du mois de juin, pour la première fois depuis le changement de régime, les bouddhistes hoa hao avaient pu célébrer le saint jour de la commémoration de la fondation de l’Eglise. Près d’un million de fidèles y avaient participé, a-t-on rapporté. L’Etat vietnamien aurait essayé de limiter le nombre de participants par divers moyens (48).