Eglises d'Asie

Trente et une religions déclarées illégales ont trouvé des adeptes au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Un rapport publié le 23 novembre dernier dans le journal Nông Thôn Ngày Nay (La campagne aujourd’hui), repris par l’Agence Reuters, mentionne qu’il existe actuellement 31 religions illégales ayant des adeptes sur tout le territoire du pays, en particulier dans un certain nombre de régions rurales. Elles se dénommeraient de façon différente selon les lieux et l’auteur a relevé 51 appellations par lesquelles elles se désignent. Les ministres de ces cultes seraient, pour la plupart, des personnes excentriques et sans instruction. Beaucoup de ces sectes et mouvements religieux ont très récemment fait leur apparition dans le pays. Les plus étranges de ces cultes proviendraient de Taiwan, du Japon, de Chine, d’Inde et de France. 80 % de leurs adhérents appartiendraient au monde paysan. L’article affirme de plus que leurs fidèles se recruteraient dans des familles en situation difficile ou encore parmi les personnes handicapées physiquement ou mentalement. Tous ces renseignements sur les cultes non autorisés, note le journal, font partie d’un rapport envoyé au Bureau des Affaires religieuses du gouvernement. Jusqu’à présent, on ne connaît pas encore les mesures qui sont envisagées pour mettre fin à cet état de choses.

On ne voit pas trop à quels critères se réfère l’auteur de cet article pour parler de l’illégalité de certaines religions. Il n’existe pas, semble-t-il, de liste officielle des religions autorisées ou légales. Les trois derniers documents législatifs parus ces temps derniers sur la question religieuse restent évasifs sur la nature de la légalité des religions (26). Le décret 26/1999/ND-CP du 19 avril 1999 ne précise pas les conditions que doit remplir une religion pour être légale. A l’article 5, le rapport à la loi des organisations religieusesterme qui désigne aussi bien les Eglises que de vagues associations, est défini d’abord positivement au paragraphe 1 puis négativement au paragraphe 5. Ces organisations doivent avoir été autorisées à entrer en activités par le chef du gouvernement. Leur idéal de vie, leur finalité, leurs orientations religieuses, leurs règles d’organisation doivent être conformes à la loi. Si ces conditions sont remplies, elles seront protégées par la loisinon il leur faudra cesser de fonctionnerAucun détail supplémentaire n’est donné dans la lettre d’application de juillet 1999 qui pourtant détaille à plaisir les sanctions légales encourues par diverses violations de la loi dans le domaine religieux. Quant aux directives du Bureau politique parues en juillet 1998, elles s’étendent longuement sur l’illégalité de certaines activités religieuses, celles qui sont accomplies en dehors des lieux de culte ou en contradiction avec les intérêts supérieurs du pays, surtout celles qui s’appuient sur la superstition qui doit être critiquée et éliminée“. Mais elles ne parlent jamais de religions ou d’Eglises légales ou illégales.

Par ailleurs, le problème posé par le bouddhisme unifié à l’Etat vietnamien est moins un problème de légalité que de légitimité. L’Etat refuse à cette Eglise le droit de représenter le bouddhisme du pays.