Eglises d'Asie – Indonésie
Des responsables chrétiens aux Moluques rejettent les accusations de “nettoyage ethnique” portées contre eux tandis que des dizaines de milliers de musulmans manifestent à Djakarta
Publié le 18/03/2010
Amien Rais, dirigeant de la ligue musulmane Muhammadiyah, forte de près de 30 millions de membres, et président de l’Assemblée consultative du peuple, a pris la parole devant les manifestants, qualifiant les violences sur l’archipel des Moluques de “nettoyage ethnique des musulmans (par les chrétiens) ». Parmi la foule, on pouvait lire sur des banderoles : “La tolérance est un non–sens. Massacrez les chrétiens ! » ou bien “Brûlez les églises ! ».
Les violences n’en ont pas moins continué aux Moluques, et plus spécialement aux Moluques septentrionales, dans l’île d’Halmahera, où au moins plusieurs dizaines de personnes auraient été tuées la semaine dernière. A Djakarta, des musulmans ont appelé à la guerre sainte () pour défendre les musulmans des Moluques. Et le Conseil indonésien des oulémas, la plus haute autorité musulmane du pays, a adressé un message aux parlementaires indonésiens, un message par lequel les oulémas dénonçe “le massacre des musulmans par des extrémistes chrétiens » et où ils approuvent les appels à la guerre sainte lancée par de jeunes activistes musulmans.
Selon des observateurs, ces manifestations de musulmans à Djakarta marquent le retour sur le devant la scène politique des partis politiques musulmans. Alors que la rumeur prête au président Wahid le désir de remanier prochainement son gouvernement, les partis islamistes, qui sont sortis affaiblis des élections de juin 1999 (15), souhaitent faire sentir leur poids. En se saisissant du prétexte des Moluques, ils s’attaquent indirectement à la vice-présidente Megawati Sukarnoputri. Celle-ci avait en effet été chargée par le président Wahid du dossier des Moluques. Son silence et son apparente inaction jusqu’à maintenant à ce sujet sont une occasion, pour les musulmans, de la mettre en accusation, elle et son parti, le Parti démocratique indonésien de lutte, qui représente les milieux nationalistes et modernistes indonésiens.