Eglises d'Asie

Des responsables chrétiens aux Moluques rejettent les accusations de “nettoyage ethnique” portées contre eux tandis que des dizaines de milliers de musulmans manifestent à Djakarta

Publié le 18/03/2010




Des responsables de communautés chrétiennes des Moluques septentrionales ont catégoriquement rejeté les accusations portées contre eux à la suite de certains reportages parus le 6 janvier dans la presse et les médias audiovisuels à Djakarta. Ces reportages faisaient état de musulmans assassinés par des chrétiens et de femmes musulmanes violées par des chrétiens à Tobelo, une ville située au nord de l’île d’Halmahera, la plus grande île des Moluques septentrionales. Le lendemain, vendredi 7 janvier, plus de 100 000 manifestants musulmans à Djakarta ont demandé au gouvernement indonésien de prendre rapidement des mesures afin de mettre fin aux violences dont sont victimes, selon eux, les seuls musulmans aux Moluques.

Amien Rais, dirigeant de la ligue musulmane Muhammadiyah, forte de près de 30 millions de membres, et président de l’Assemblée consultative du peuple, a pris la parole devant les manifestants, qualifiant les violences sur l’archipel des Moluques de nettoyage ethnique des musulmans (par les chrétiens». Parmi la foule, on pouvait lire sur des banderoles : La tolérance est un nonsens. Massacrez les chrétiens » ou bien Brûlez les églises ».

Les violences n’en ont pas moins continué aux Moluques, et plus spécialement aux Moluques septentrionales, dans l’île d’Halmahera, où au moins plusieurs dizaines de personnes auraient été tuées la semaine dernière. A Djakarta, des musulmans ont appelé à la guerre sainte () pour défendre les musulmans des Moluques. Et le Conseil indonésien des oulémas, la plus haute autorité musulmane du pays, a adressé un message aux parlementaires indonésiens, un message par lequel les oulémas dénonçe le massacre des musulmans par des extrémistes chrétiens » et où ils approuvent les appels à la guerre sainte lancée par de jeunes activistes musulmans.

Selon des observateurs, ces manifestations de musulmans à Djakarta marquent le retour sur le devant la scène politique des partis politiques musulmans. Alors que la rumeur prête au président Wahid le désir de remanier prochainement son gouvernement, les partis islamistes, qui sont sortis affaiblis des élections de juin 1999 (15), souhaitent faire sentir leur poids. En se saisissant du prétexte des Moluques, ils s’attaquent indirectement à la vice-présidente Megawati Sukarnoputri. Celle-ci avait en effet été chargée par le président Wahid du dossier des Moluques. Son silence et son apparente inaction jusqu’à maintenant à ce sujet sont une occasion, pour les musulmans, de la mettre en accusation, elle et son parti, le Parti démocratique indonésien de lutte, qui représente les milieux nationalistes et modernistes indonésiens.