Eglises d'Asie

Le directeur des Affaires religieuses répond aux critiques portées contre les dernières directives réglementant les activités religieuses

Publié le 18/03/2010




La multiplication des critiques portées contre le dernier décret n° 26 réglementant les activités religieuses avaient obligé le directeur des Affaires religieuses, Lê Quang Vinh, à venir le justifier devant les évêques, le 12 octobre dernier, lors de leur réunion annuelle à Nha Trang (25). Cela n’avait pas empêché les évêques de présenter aux autorités une communication écrite contenant leurs propres critiques à ce sujet, peu après cette réunion (26). Dans une interview donnée à la Revue des études religieuses, revue officielle qui vient de publier son deuxième numéro, le fonctionnaire est revenu sur ce sujet et a essayé de légitimer à nouveau les articles contestés de ce décret et l’opportunité de sa publication.

Les nouvelles directives, a-t-il affirmé comme il l’avait déjà expliqué aux évêques, ont pour origine la volonté du Bureau politique d’amender l’ancien décret et de préparer ainsi une ordonnance sur les activités religieuses qui doit être promulguée par le bureau permanent de l’Assemblée nationale. Ce document servira de fondement à la gestion des religions par l’Etat et facilitera les activités normales et légales des religions. Cependant, M. Vinh a souligné que la publication de cette ordonnance ne sera qu’une étape transitoire avant l’adoption par l’Assemblée nationale d’une loi sur la religion. Selon les déclarations à une agence de presse occidentale du P. Phan Khac Tu, prêtre de Hô Chi Minh-Ville et député à l’Assemblée nationale, celle-ci pourrait bien être discutée au cours de l’année en cours.

Selon le directeur des Affaires religieuses, le décret N° 26 marque un progrès par rapport aux précédents décrets. C’est la première fois, a-t-il dit, que l’Etat garantit à la fois la liberté de croyance et la liberté de religion. La liberté de croyance ne concerne que la conscience tandis que la liberté de religion se rapporte aux activités religieuses et aux structures sociales des Eglises. La religion est une entité sociale devant être respectée par tout le monde. Cependant, la non-religion, elle aussi, exige le même respect. M. Vinh fait mention de statistiques indiquant que seulement 15 millions de personnes au Vietnam, c’est-à-dire moins d’un quart de la population, déclarent pratiquer une religion. L’Etat se doit de satisfaire les besoins des adeptes d’une religion, mais il doit également tenir compte des besoins de ceux qui n’en pratiquent aucune. Il a également fait remarquer qu’il est normal que chaque nation promulgue une réglementation des activités religieuses en fonction de son idéologie.

Il a aussi fait allusion aux critiques contenues dans la communication des évêques au gouvernement, intitulée Considérations générales sur le décret N( 26 » (27). Les évêques y mettaient en cause ce qu’ils appelaient “un système selon lequel toute chose doit faire l’objet d’une demande avant d’être octroyée système, disaient-ils, qui empêche les organes du gouvernement de remplir les fonctions d’un Etat au service du peuple ». M. Vinh a répliqué que pas un Etat au monde n’a aboli les demandes d’autorisation dans les procédures administratives, car elles aident à distinguer entre ce qui légal et ce qui est illégal. Ne pas demander la permission serait, selon lui, refuser la protection de la loi. Il a également justifié les directives concernant la vie religieuse (monastique) qui ont été l’objet de nombreuses critiques de la part des milieux religieux. Le mode de vie monastique doit recevoir l’approbation de l’Etat, a-t-il souligné. Celui-ci doit s’assurer, de plus, de la légalité de la démarche de ceux qui entrent dans un couvent ou un monastère.

Le directeur des Affaires religieuses a insisté sur le devoir de l’Etat de protéger la population et les religions elles-mêmes contre les abus et les pratiques superstitieuses. On assiste à l’émergence de nouveaux phénomènes religieux complexes, susceptibles de déstabiliser la société et d’affecter négativement la conduite humaine. Le Vietnam, comme tous les Etats, est obligé de prendre des mesures appropriées à cet égard. Enfin, s’appuyant sur le Code civil vietnamien pour répondre aux critiques faites à l’un des articles du décret, il a réaffirmé l’impossibilité pour l’Etat d’accepter que des terrains à usage privé soit utilisés à des fins religieuses.