Eglises d'Asie

Nagaland : les femmes de l’Etat du Nagaland manifestent en faveur de la paix

Publié le 18/03/2010




Dans le Nagaland, un Etat du Nord-Est de l’Inde à prédominance chrétienne, les femmes ont voulu condamner les interminables vendetta interethniques et lancer un appel pour un renouveau des esprits à l’occasion de Noël et du prochain millénaire.

Comment pourrionsnous vivre un Noël joyeux alors que, dans beaucoup de familles, des mères et des femmes pleurent des êtres chers », demande Kereilhouvid Kire, une conseillère de l’Association des mères de Naga qui ont défilé dans les rues de Kohima la capitale de l’Etat, le 14 décembre. Vêtues de leurs châles et robes traditionnels, les femmes de Naga ont défilé derrière des banderoles et des pancartes où on pouvait lire : Assez de morts », Aimonsnous les uns les autres Protégeons et développons les valeurs humaines » ainsi que des appels demandant l’arrêt des assassinats, des enlèvements, des demandes de rançon et des viols perpétrés par des bandes rivales. Les mères jouent un rôle important dans la formation de la société et elles ont leur part de responsabilité dans ses déviations », a déclaré Neidono Angami, président de l’association. Elle a demandé aux femmes : « Interrogeonsnous nousmêmes pour découvrir nos erreurs ».

Le 26 novembre, le Conseil des Eglises baptistes du Nagaland (NBCC) avait organisé une marche sur Kohima pour demander l’arrêt des violences. 3 000 chrétiens de différentes dénominations y avaient pris part. En effet, 80 % des 1 million 200 000 habitants du Nagaland sont chrétiens, baptistes pour la plupart. Mais depuis plusieurs décennies, cet Etat est confronté à la violence qui règne entre les factions issues des 16 principales ethnies, elles-mêmes divisées en quelque 23 tribus. Chacune lutte pour l’hégémonie tandis que les groupes séparatistes combattent les forces fédérales pour obtenir l’indépendance.

Le secrétaire général du NBCC a pris la parole pour lancer un appel en faveur de la paix et pour une nouvelle prise de conscience, soulignant que “parler les armes à la main n’est rien d’autre qu’un signe de timidité et de faiblesse morale », stigmatisant ces blasphémateurs » chrétiens qui prient et jeûnent avant de partir à l’attaque pour tuer leurs rivaux. A l’occasion de Noël, il a renouvelé son appel dans une lettre pastorale pour que puisse être rebâtie une société qui confesse chaque jour que Jésus Christ est le seul absolu », assurant que la chaire de la Parole devait retrouver son autorité et chacun des croyants une vie sainte ».

Dans le même temps, les responsables ecclésiastiques reprochent au gouvernement de l’Etat du Nagaland de ne pas contrôler la situation et de laisser les factions faire régner la terreur à l’encontre d’une population innocente ». Déjà, en août 1997, le NBCC avait soutenu les négociateurs qui tentaient un rapprochement entre les forces du gouvernement fédéral et le Conseil national socialiste du Nagaland, un des groupes séparatistes le plus important, mais les luttes intestines avaient repris le dessus. Cette année même, le NBCC proposait une trêve de Noël, du 12 décembre au 10 janvier. Le 20, trois de ses membres étaient tués à Kohima.