Eglises d'Asie

L’archevêque de Bombay appelle l’Eglise indienne à rejeter la confusion théologique

Publié le 18/03/2010




Autant d’approbations que de critiques ont accueilli le virulent appel lancé à l’Eglise de l’Inde par l’archevêque de Bombay, Mgr Ivan Dias (5), le 18 janvier 2000, au cours d’une réunion plénière de la Conférence des évêques catholiques de tous rites, qui réunissait à Chennai, dans le sud de l’Inde, les quelque 140 membres de la hiérarchie indienne. Les propos de l’archevêque exprimaient son inquiétude concernant “le désordre et la confusion théologiques ainsi que “l’inculturation non contrôlée » qui, selon lui, sévissent aujourd’hui dans les cercles intellectuels de la communauté catholique du pays. “Nous devons nous assurer, a-t-il précisé, que la liberté de recherche et d’expression dont jouissent les théologiens indiens ne dégénère pas en laxisme. »

Mgr Dias, qui avait demandé d’intervenir devant les évêques indiens pour développer les implications de l’exhortation du pape, Ecclesia in Asia, a publiquement regretté les réticences de certains théologiens indiens à accepter les déclarations pontificales sur l’unicité du Christ et l’universalité du salut apporté par lui. Les récentes visites des séminaires indiens (6), a-t-il fait remarquer, ont mis en relief les tentatives de quelques théologiens pour placer le Christ sur un pied d’égalité avec les fondateurs des autres religions. L’enseignement dispensé en certaines maisons de formation de congrégations religieuses aurait remis en question des dogmes de l’Eglise. Sans le nommer, l’archevêque de Bombay a mentionné un religieux jésuite qui enseigne que le Christ est également présent dans l’eucharistie et la bouse de vache Il a comparé cette dérive théologique à ce qui s’est passé en Occident peu après le Concile Vatican II.

L’archevêque a souligné que cet état de chose trouble beaucoup de laïcs qui se plaignent du relativisme théologique actuel. Rappelant que, dans son exhortation post-synodale, le pape avait répété que le Christ était le seul et l’unique sauveur de l’humanité il a demandé aux évêques de se souvenir qu’il était nécessaire de conserver la foi introduite dans le pays par Saint Thomas et Saint Bartélémy et d’écarter de l’Eglise indienne toute tendance à la confusion. Selon lui, les évêques devraient se montrer plus catégoriques et vérifier le contenu des diverses publications théologiques pour s’assurer que les écrits des théologiens sont conformes aux enseignements de l’Eglise. Il a cependant exprimé son désir de voir encouragés les efforts des chercheurs indiens pour une véritable inculturation du christianisme, une inculturation qui s’applique à découvrir les relations existant entre la foi de l’Eglise et les lueurs de vérité existant dans les autres religions.

L’exposé de Mgr Dias, ancien diplomate du Saint-Siège, a suscité des réactions diverses au sein de l’assemblée de l’Eglise de l’Inde. Certains ont apprécié son intervention et l’ont loué d’avoir rappelé aux évêques leur responsabilité à l’égard de ceux qui leur ont été confiés. D’autres l’ont blâmé de s’être livré à une généralisation abusive. Ce fut en particulier l’avis de Mgr Patrick D’Souza, évêque de Varanasi, qui a reproché à l’archevêque de Bombay de s’être montré dur et injuste à l’égard des théologiens et d’avoir, à partir de quelques cas individuels, tracé un tableau très noir de l’ensemble de la théologie indienne. Le même évêque, au cours de la discussion qui a suivi l’exposé de Mgr Dias, a pressé ses confrères de soutenir de leur mieux les théologiens indiens à qui échoit la difficile tâche de faire comprendre la foi chrétienne dans des milieux où se pratiquent diverses religions. Un autre participant de la réunion de la Conférence épiscopale, le théologien Susai Arokiasamy, a également reproché à la critique de l’archevêque sa trop grande généralisation. Il souhaite qu’au lieu de condamner sans appel les théologiens, les évêques entament un dialogue avec eux.