Eglises d'Asie – Inde
Les évêques de l’Inde se sont prononcés pour une Eglise à la fois “âme de la nation” et “conscience critique de la société”
Publié le 18/03/2010
Quelques jours avant la réunion de la Conférence épiscopale, son président, Mgr Alan de Lastic, archevêque de Delhi, avait déjà annoncé le type de préoccupations qui occupent aujourd’hui les esprits des membres de la hiérarchie indienne et défini publiquement le type d’attitude que l’Eglise de l’Inde souhaitait adopter à l’égard de la politique actuelle du gouvernement. Une des priorités de l’Eglise pour l’année 2000, avait-il affirmé, sera de maintenir un dialogue serré et critique avec le gouvernement fédéral. L’attitude adoptée par les représentants de l’Eglise avec leurs interlocuteurs gouvernementaux sera sans complaisance et fondée sur la lucidité : “La communauté chrétienne reste vigilante et consciente des menaces qui pèsent aujourd’hui sur son identité comme sur son existence L’archevêque a ensuite expliqué que la menace qui pèse sur les chrétiens sous un gouvernement de coalition dominé par le BJP rend, en effet, nécessaire pour l’Eglise une révision de son comportement à l’égard du pouvoir fédéral. Durant la période de 13 mois qui s’est écoulée depuis que le parti pro-hindou est au pouvoir, les missionnaires et les institutions chrétiennes ont été la cible de plus de 100 attaques violentes de la part de groupes de nationalistes hindous. Mgr de Lastic a affirmé que l’Eglise ne peut garder le silence à leur sujet. Pour rester au service de la nation, d’une façon effective, l’Eglise se doit désormais d’orienter les réactions vis-à-vis du gouvernement en proposant des projets qui rectifient l’injustice. “Lorsque le gouvernement ne fait plus son devoir, l’Eglise doit alors se comporter comme l’âme de la nation », a souligné l’archevêque.
Lors de leur assemblée annuelle, dans la ligne de ce qui avait été dit par leur président, les évêques ont plusieurs fois présenté l’Eglise catholique en Inde “comme la conscience critique de la société » et c’est en fonction de ce rôle qu’ils ont dessiné ensemble le portrait modèle du dirigeant de l’Eglise indienne.
Cette image, l’archevêque de Bangalore, Mgr Ignatius Pinto, l’a soigneusement détaillé lors de son intervention du 17 janvier sur “le rôle des évêques au service de la nation ». Selon lui, l’Eglise en Inde a désormais davantage besoin du dynamisme et de l’esprit prophétique de ses dirigeants que de leur piété et de leur trop grande prudence. Il est temps que ceux-ci délaissent le triomphalisme dans l’exercice de leurs fonctions, leurs croisades fondamentalistes et leurs projets de construction “tape–à–l’oil Leur renonciation à ce type d’actions et de comportements ne pourra que rehausser leur image de dirigeant spirituel. Ils devront également s’écarter de la culture occidentale dominante et faire preuve du plus grand respect pour la culture indienne. Un style de vie humble, une spiritualité contemplative, une action au service de tout ce qui est authentiquement humain et religieux dans la société, telles devront être les nouvelles caractéristiques de la hiérarchie indienne.
Tirant les conclusions des propos de l’archevêque de Bangalore, le supérieur provincial des jésuites de l’Inde, présent à la réunion, a déclaré : “Si les évêques ont l’intention d’être responsables d’une Eglise au service de l’Inde, alors pourra se faire jour une image spécifiquement indienne de l’évêque Pour cela, a-t-il ajouté, ils devront joindre leur action à celle des groupes et des mouvements populaires et ne pas rester prisonniers du carcan administratif.