Eglises d'Asie

Les signataires de la lettre des religions pour la liberté religieuse subissent une forte pression de la police

Publié le 18/03/2010




Selon une correspondance du P. Chân Tin diffusée par la revue vietnamienne Tin Nhà (23), une très forte pression et de nombreuses tracasseries policières affectent aujourd’hui les signataires de l’appel des religions pour la liberté religieuse envoyé au gouvernement vietnamien en septembre 1999. Cet appel demandait la suppression de l’article de la Constitution qui met toute la société sous le patronage du socialisme athée, l’abandon des dernières directives en matière religieuse et le rétablissement du statut légal des religions au Vietnam tel qu’il existait avant 1975, statut respecté, selon les signataires, par tous les autres pays du monde (24).

Le plus touché par la surveillance et les contrôles policiers déclenchés par la parution de ce texte, est, selon les dires du religieux rédemptoriste, l’ancien dirigeant du caodaïsme, Trân Quang Châu, âgé aujourd’hui de 84 ans. Les agents de la Sûreté urbaine sont venus, une première fois, chez lui, et ont essayé de lui faire démentir sa signature. Il s’y est refusé en affirmant qu’il était en plein accord avec le contenu de cette lettre et qu’il était même prêt à aller en prison. Les agents revinrent une seconde fois pour essayer de l’isoler des autres signataires et, en particulier de Lê Quang Liêm, représentant de la religion hoa hao. Cette seconde tentative ayant échoué, les agents continuèrent leurs visites et leur harcèlement jusqu’à le vieillard, fatigué et malade, signe un texte présenté par les policiers accusant le P. Chân Tin et M. Lê Quang Liêm de l’avoir forcé à signer le texte. En même temps, il se confiait à ses amis, en disant que tout le monde comprendrait la raison pour laquelle il avait cédé à la pression.

En possession de l’acte d’accusation d’un des signataires, les policiers se tournèrent alors vers les autres. Ils convoquèrent le représentant de la religion hoa hao, Lê Quang Liêm, à venir s’expliquer dans les locaux de la police. Celui-ci, très âgé lui aussi, ayant refusé de se déplacer, les policiers procédèrent à la séance de travail (interrogatoire) dans la maison de l’intéressé. Le P. Chân Tin a également reçu une première convocation à laquelle il n’a pas obtempéré. Une seconde a été remise au supérieur de la maison où il réside, qui la transmise à l’intéressé. Le P. Chân Tin a certifié par écrit avoir bien reçu l’invitation de la police et confirmé également par écrit son intention de ne point l’honorer.

Le P. Chân Tin termine sa lettre en se demandant qui a fait pression sur qui. Est-ce vraiment les deux vieillards, le P. Chan Tin et M. Lê Quang Liêm, ayant tous les deux dépassés 80 ans, qui ont obligé un autre vieillard de 84 ans, M.Trân Quang Châu, à signer une lettre. La pression ne viendrait-elle pas de la police, qui, pour l’instant, ne cesse d’envoyer des convocations.