Eglises d'Asie

Les supérieurs majeurs sont invités à rester lucide devant la croissance actuelle du nombre de vocations religieuses en Inde

Publié le 18/03/2010




Les supérieurs majeurs, réunis pour leur assemblée annuelle à Chennai du 10 au 15 janvier, ont été mis en garde contre l’autosatisfaction que pourrait engendrer la croissance actuelle des vocations religieuses en Inde. Il leur a été demandé d’examiner avec attention les divers facteurs responsables du “boom” actuel. Aux supérieurs religieux venus débattre cette année du thème : “Un appel renouvelé à être disciple dans le contexte pluraliste de l’Inde », le P. Joe Mannath, salésien, responsable de cet avertissement, a, en effet, déclaré : “Si nous considérons que la croissance numérique des vocations est un signe que tout va bien dans nos congrégations, nous risquons d’éprouver un faux sentiment de sécurité ».

Le religieux a commencé par dresser un état des lieux de la vie religieuse en Inde. Le nombre de vocations religieuses y est passé de 35 648 en 1969 à 96 848 en 1999. Cet afflux de candidats a permis de gonfler les effectifs des divers ordres et congrégations présents en Inde. 52 % des prêtres du pays sont, aujourd’hui, jésuites, salésiens ou carmes de Marie Immaculée. 42 % des religieux non-prêtres se trouvent rassemblés en trois ordres ou congrégations : les frères de Saint Gabriel, les franciscains et les missionnaires de la Charité. Quant aux vocations féminines, elles sont très inégalement réparties : quatre congrégations en Inde ont plus de 2 500 membres chacune, tandis que 54 autres ne dépassent pas le chiffre de 1 400.

Cette abondance de candidats à la vie religieuse présente certains avantages non négligeables. Elle a en particulier permis d’envoyer des missionnaires à l’extérieur du pays ; elle a aussi été à l’origine de la fondation de nouvelles congrégations locales. Plus encore, les vocations indiennes ont contribué à la survie de sociétés religieuses occidentales moribondes par absence de recrutement local.

Le religieux salésien, qui, depuis 20 ans, exerce le métier de formateur, s’est demandé si cette augmentation des candidats à la vie religieuse était due à un approfondissement du sens religieux de l’Eglise de l’Inde ou s’il ne fallait voir dans ses chiffres que la résultante d’un certain nombre de facteurs socio-économiques. Il serait étonnant, a-t-il suggéré, que le grand nombre d’enfants des familles en Inde, l’absence de débouchés pour les jeunes, le haut statut social des prêtres et des religieuses ne jouent aucun rôle dans cette pléthore de vocations. Le même phénomène a existé dans les Eglises d’Occident lorsque celles-ci bénéficiaient des mêmes conditions que celles de l’Inde aujourd’hui. Le P. Mannath a ajouté qu’un certain nombre d’aspirants à la vie conventuelle présentent un profil intellectuel au-dessous de la moyenne. Beaucoup ont été refusés dans les établissements universitaires.

En conclusion de son intervention, le religieux a proposé aux participants de la réunion de réorienter la vie religieuse vers la société. Notre principale contribution au monde, a-t-il souligné, ne réside pas dans le travail que nous accomplissons pour nos propres institutions mais dans la qualité des relations que nous entretenons avec les autres [.], sans tenir compte de leurs positions sociales, de leur caste, de leur pouvoir, de leur origine [.]. »