Eglises d'Asie

Uttar Pradesh : une loi nouvellement adoptée menace les lieux de culte et les libertés religieuses

Publié le 18/03/2010




Une loi récemment adoptée dans l’Etat d’Uttar Pradesh, au nord de l’Inde, provoque l’opposition et les protestations des responsables chrétiens ainsi que de certains militants sociaux qui lui reprochent de violer les droits accordés aux minorités religieuses par la Constitution. Dès l’adoption de la loi par le parlement local, les dirigeants des communautés chrétiennes de l’Etat ont organisé une manifestation de protestation devant les locaux du chef du gouvernement, lui demandant de ne pas donner à la nouvelle loi l’approbation dont elle a besoin pour pouvoir être promulguée.

Ce projet de loi, adopté le 5 janvier dernier, par l’Assemblée législative locale sous le titre de Réglementation des constructions et lieux religieux publics se propose de fermer les lieux de culte qui auraient abrité des activités dites antinationales ». Il interdit de construire de nouveaux lieux de culte sans l’autorisation du magistrat du district et attribue aux autorités locales le droit de démolir les lieux de culte construits sans cette permission. La raison officielle alléguée par le gouvernement qui a présenté ce projet de loi au parlement de l’Etat, est de contrecarrer les activités organisées par les services de renseignement pakistanais à l’intérieur même des lieux de culte situés le long de la frontière de l’Etat d’Uttar Pradesh avec le Népal.

Les responsables religieux des diverses régions de l’Etat émettent des doutes sur l’authenticité des raisons invoquées par le gouvernement pour faire adopter cette loi. Celles-ci sont considérées par beaucoup comme tout à fait imaginaires, destinées à camoufler d’autres intentions, en particulier la volonté du BJP, majoritaire en cet Etat, de limiter les activités des minorités religieuses. Comment la réduction des libertés religieuses pourraitelle contribuer à mettre un terme à des activités antinationales venant de l’autre côté de la frontière s’est demandé le pasteur Thomas Chandy, de l’Eglise méthodiste de Lucknow. En réalité, selon lui, le gouvernement veut étendre son contrôle sur toutes les activités missionnaires. Le P. Gérald Mathias, porte-parole du diocèse catholique de Lucknow, fait remarquer que même si la nouvelle loi concerne toutes les religions, ce sont les chrétiens qui en seront les principales victimes. Le P. Thomas D’Souza, du diocèse de Bareilly, s’étonne de voir le gouvernement apporter des restrictions à la construction d’églises et d’écoles chrétiennes sur des terrains privés alors qu’il permet la construction de temples même sur des routes ou des parcs publics. Même la presse nationale s’interroge sur les véritables intentions des autorités gouvernementales en cette affaire : le journal de New Delhi, Hindustan Times, intitule son éditorial Doute sur la nouvelle loi » et affirme que le pays possède déjà suffisamment de lois susceptibles de réprimer les crimes et que la nouvelle réglementation a peu de chance de mettre fin à de quelconques infractions. Le Parti communiste indien, pour sa part, voit dans la nouvelle loi une stratégie du BJP pour terroriser les minorités.

Lors d’une consultation organisée par l’Institut social de Delhi, un certain nombre de dirigeants ont mis sur pied un plan d’action destiné à lutter contre la nouvelle loi. Une lettre sera rédigée et envoyée au président K.R. Naramayan. Une campagne de sensibilisation sera lancée à travers les médias du pays. Une manifestation ainsi qu’une action en justice ont également été prévues.