Eglises d'Asie – Vietnam
André, le premier Vietnamien mort pour la foi, va être béatifié 356 ans après son martyre
Publié le 18/03/2010
Né en 1625 dans la province de Phu Yên, il avait été baptisé à l’âge de quinze ans par le plus connu des premiers missionnaires du Vietnam, le P. Alexandre de Rhodes, en même temps que sa mère et ses frères et sours. L’année suivante, le jeune baptisé qui avait déjà entamé des études littéraires classiques fut admis dans le groupe d’une dizaine de catéchistes récemment fondé par le jésuite avignonnais pour instruire la jeune chrétienté vietnamienne et faire progresser l’évangélisation. La formation d’André fut spécialement confiée au responsable du groupe, le catéchiste Ignace, avec lequel il fit de rapides progrès dans les sciences religieuses. Trois ans plus tard, à l’âge de 19 ans, il fut décapité pour la foi. Les circonstances de sa mort sont particulièrement bien connues grâce aux divers rapports rédigés par le P. Alexandre de Rhodes, qui en fut le témoin direct, et aux autres témoignages recueillis par lui. Le premier récit du martyre fut écrit par le missionnaire quatre jours seulement après l’exécution. Dans « Divers voyages et missions » (24), celui-ci exprime ainsi les sentiments qu’il a éprouvés pour ce jeune homme : « Je voudrais de tout mon cour faire connaître cet admirable serviteur de Dieu à autant de nations qu’il y en a sur la terre afin de les inciter à la connaissance et à l’amour de celui pour qui ce jeune homme est mort
Selon le récit du P. Alexandre de Rhodes, les soldats qui arrêtèrent le jeune catéchiste André avaient, en réalité, reçu l’ordre du « Gouverneur de la province de Cham » (sic) de se saisir de son maître Ignace, dont la reine avait juré la perte. Ce jour-là, le P. Alexandre de Rhodes et ses catéchistes s’étaient absentés laissant André seul à la maison. C’est celui-ci qui fut donc arrêté après qu’il eut déclaré qu’il avait commis les mêmes fautes que tous les autres. Il fut conduit auprès du gouverneur, où on l’accusa « comme chrétien et comme prédicateur » et ensuite mené en prison. Au tribunal, le jeune homme confessa sa foi sans une minute de faiblesse. Malgré l’intervention du missionnaire jésuite auprès du gouverneur, il fut condamné à la peine capitale pour avoir refusé d’abandonner son ministère et sa foi. Le jour de son exécution, malgré la cangue qu’il portait sur ses épaules, il se rendit sur la place publique de Kê Khâm où il allait être décapité, avec un tel empressement, dit le P. de Rhodes qui l’accompagnait avec de nombreux chrétiens vietnamiens et étrangers, qu’il était difficile de le suivre. Il fut d’abord transpercé de trois coups de lances, puis décapité après deux coups de glaive. Durant son supplice, il n’avait pas cessé de prononcer le nom de Jésus.
Sa dépouille fut ramenée à Macao où elle fut inhumée et, dès le mois de décembre de l’année de sa mort (1644), un dossier de demande de béatification y fut établi grâce aux nombreux témoignages recueillis. C’est cette demande qui trouve aujourd’hui son aboutissement dans la béatification qui aura lieu le 5 mars prochain. Parmi les 117 martyrs canonisés en 1988, le premier à avoir donné sa vie pour la foi dans l’ordre chronologique est saint Vincent Liêm martyrisé en 1773. Le nouveau béatifié, témoin de la première évangélisation du Vietnam, André Phu Yên, l’avait précédé de 129 ans.