Eglises d'Asie

Papouasie : les responsables des Eglises chrétiennes étudient les raisons qui poussent certains autochtones à demander l’indépendance de la province

Publié le 18/03/2010




Réunis dans la capitale de la province, les responsables des Eglises chrétiennes appartenant à onze dénominations différentes se sont mis d’accord pour étudier les motifs qui conduisent certains autochtones à demander l’indépendance de la Papouasie, cette province de l’extrême est de l’Indonésie, désignée jusqu’au 31 décembre dernier sous le nom d’Irian Jaya (13). Selon le P. Jack Mote, vicaire général du diocèse (catholique) de Jayapura, afin de ne pas être victimes d’éventuels provocateurs, les responsables religieux de la province doivent avoir une commune compréhension de ce phénomène. Cette démarche est nécessaire avant que les divers responsables d’Eglises n’engagent “un dialogue avec toutes les parties en présence, i.e. le gouvernement, les dirigeants papous, les non-Papous qui vivent dans la province et les autres institutions religieuses”.

Le révérend Benny Giay, pasteur de l’Eglise évangélique d’Irian (Gereja Kristen Injili di Irian), explique que cette démarche est d’autant plus nécessaire que tous les militants indépendantistes sont des chrétiens. “Si l’on veut éviter que les responsables d’Eglises expliquent chacun d’une manière différente les tenants et les aboutissants de ce problème et que de la confusion ne soit ainsi inutilement créée, il faut que, nous, responsables de ces Eglises, nous nous réunissions pour comprendre ensemble les motifs qui animent les indépendantistes”, a déclaré le responsable d’une autre Eglise protestante.

Ces derniers temps, la situation est devenue tendue entre Papous et non-Papous, explique encore le révérend Ruben Wehao, originaire des Célèbes septentrionales et responsable d’une Eglise protestante. Des provocateurs pourraient attiser ces tensions afin de déclencher de vrais conflits. “Nous, les responsables d’Eglises, devons empêcher les conflits parce que les Eglises ont pour mission d’appeler à la paix. C’est pourquoi, avant de dialoguer avec les gens à l’intérieur et à l’extérieur des Eglises, nous devons comprendre les raisons de cette demande pour l’indépendance”, a-t-il poursuivi.

Rattachée depuis les années 1960 à l’Indonésie, la Papouasie, anciennement Nouvelle Guinée hollandaise, est peuplée de un million de Papous, en partie chrétiens. Mais les “transmigrations” ont provoqué l’arrivée de nombreux migrants, souvent musulmans (250 000 Javanais dans le cadre de la politique officielle de transmigration et plus de 500 000 Moluquois et habitants des Célèbes, “transmigrants spontanés”). Depuis le rattachement à l’Indonésie, les Papous ont le sentiment – justifié – de n’être pas traités en égaux par les Indonésiens. Ils réclament le contrôle des ressources minières (la mine de Freeport-McMoran est la plus importante mine d’or et de cuivre au monde) et forestières tirées de l’exploitation de la province.