Eglises d'Asie

Dans l’archidiocèse de Manille, 14 ans après “la victoire du pouvoir du peuple les communautés ecclésiales de base sont en plein essor

Publié le 18/03/2010




“Les communautés ecclésiales de base que certains ne veulent considérer que comme un moyen d’entretenir l’esprit du pouvoir du peuple, issu du soulèvement de 1986, sont en réalité en plein essor quatorze ans après cet événement C’est ainsi que Mgr Manuel Gabriel, président du Bureau des Communautés ecclésiales de base (BEC) pour l’archidiocèse de Manille, a présenté cette institution chrétienne typique de l’Eglise des Philippines dans un entretien avec UCAnews. Cependant, selon lui, l’Eglise n’en est encore en ce domaine qu’à l’étape de l’organisation. Le modèle de la communauté de base, lui-même, n’est pas encore fixé et des différences fondamentales existent encore aussi bien dans la théologie que dans la conception des communautés concrètes. Certains usent de ce vocable pour désigner toute sorte de groupes, des écoles, des communautés trans-paroissiales, alors que l’appellation même suppose qu’il existe une communauté qui s’appuie sur une “base ». Selon le prêtre, les communautés ecclésiales de base devraient être fondées sur l’évangile, promouvoir la solidarité humaine, adopter une orientation sociale, mener des activités au nom de la justice et réaliser des projets au service des pauvres.

Le développement actuel des communautés ne peut être mis en doute. Il apparaît clairement dans les chiffres. Aujourd’hui, des communautés ecclésiales de base existent dans 44 % des 272 paroisses ou sanctuaires de l’archidiocèse alors que selon les statistiques conservées au Bureau des communautés ecclésiales de base, en 1996, elles n’existaient que dans 38 % des 246 des paroisses et sanctuaires que comprenait alors l’archidiocèse. Pour un seul district de Manille, on peut recenser plus de 400 animateurs de communautés de base.

C’est après le soulèvement du pouvoir populaire » qui mena à la chute du président Marcos en 1986 que l’Eglise a adopté officiellement la communauté ecclésiale de base » comme moyen de réaliser sa mission et d’actualiser le renouveau exigé par l’édification d’une Eglise des pauvres. Toutefois, ces communautés existaient auparavant, puisqu’elles avaient été lancées au sud des Philippines par les missionnaires de Maryknoll dans les années 1960. Elles avaient été accusées à l’époque de Marcos et même de son successeur, Corazon Aquino, de s’être laissées pénétrer par l’idéologie communiste. Récemment, le cardinal Sin de Manille, ainsi que Mgr Ricardo Vidal de Cebu ont incité les communautés de base à agir dans la continuation de l’action ecclésiale pour la transformation de la société. Elles ont aussi été invitées à garder vivant l’esprit du pouvoir populaire 

Cependant Mgr Gabriel déplore que le soutien accordé par les plus hautes personnalités de l’Eglise des Philippines ne soit pas octroyé partout de la même façon à l’intérieur du diocèse. Il remarque en particulier que l’existence et la marche des communautés sont extrêmement dépendantes des orientations théologiques et de l’engagement personnel des prêtres de paroisse. Leur déplacement, tous les trois, quatre ou cinq ans, constitue un obstacle non négligeable à l’implantation des communautés. Interrogé à ce sujet, le vicaire général de l’archidiocèse a expliqué que la communauté de base doit être fondée sur le modèle de l’Eglise qui est à la fois communion et Peuple de Dieu avec le prêtre de paroisse comme animateur. Selon lui, l’autonomie et le pouvoir donnés à la communauté sont la clé de son succès. Dès le séminaire, les futurs prêtres reçoivent une formation les rendant aptes à assurer le rôle d’animateur.

En conclusion, le responsable des communautés ecclésiales de base a déclaré que, sur le papier, on a écrit à juste titre que les communautés de base sont l’expression authentique du renouveau poursuivi par l’Eglise locale depuis la tenue du second concile plénier des Philippines en 1991 ; mais, dans la réalité, les choses sont différentes »