Eglises d'Asie

Hongkong : dernier chapitre de l’histoire des boat people, le statut de résident est accordé à 1 408 demandeurs d’asile vietnamiens encore sur place

Publié le 18/03/2010




Selon leurs propres termes, les autorités de Hongkong viennent de donner une conclusion, « grosso modo » satisfaisante, à « un chapitre d’histoire l’histoire des réfugiés vietnamiens venus sur des embarcations de fortune chercher refuge sur le territoire de Hongkong, une histoire dont certains épisodes furent parmi les plus tragiques du dernier quart du vingtième siècle : telle fut, en effet, la durée de cet exode qui avait commencé immédiatement à la fin de la guerre du Vietnam, il y aura 25 ans au mois d’avril prochain. Mme Régina Ip, secrétaire à la Sécurité de la Région administrative spéciale, a, le 22 février dernier, informé l’opinion qu’une carte d’identité de résident allait être délivrée aux 1 400 réfugiés vietnamiens encore sur le territoire de Hongkong, derniers restes des 200 000 Vietnamiens venus faire halte à Hongkong avec l’espoir de trouver par la suite un autre pays où s’établir définitivement.

Sont touchés en premier lieu par la récente mesure 973 réfugiés dit « authentiques ayant été estimés comme tels, par les services d’immigration du territoire à l’issue de l’épreuve d’une procédure destinée à déterminer leur statut, appelée screening. Ce premier groupe composé de Vietnamiens arrivés à Hongkong quelquefois depuis plus de vingt ans, mais n’ayant reçu, pour diverses raisons, d’offres d’accueil définitif d’aucun autre pays tiers. Le deuxième groupe bénéficiant de la même mesure est composés de 435 demandeurs d’asile déboutés par les services d’immigration dans leur requête de statut de réfugié. Ils auraient dû être rapatriés de force au Vietnam, mais le gouvernement vietnamien les avait refusés alléguant qu’il s’agissait de migrants d’ethnie chinoise, ne faisant pas partie des nationaux vietnamiens. Tous les 1 408 sont arrivés sur le territoire il y a au moins sept ans bien avant le 9 janvier 1998, date à laquelle où Hongkong a officiellement abandonné la politique de port de premier asile, adopté en 1979 par la Grande Bretagne lors de la Conférence sur les réfugiés de Genève en 1979.

La page d’histoire sera également tournée d’une autre manière par la fermeture du dernier des camps de réfugiés dont certains étaient des camps-prisons tristement célèbres par les conditions désastreuses faites à leurs pensionnaires, par les soulèvements et les émeutes qui s’y sont déroulées. Le dernier encore ouvert est le camp de Pillar Point, camp dit « ouvert » où séjournaient les réfugiés politiques en attente de l’acceptation par un pays tiers. Selon les déclarations de Regina Ip, ce camp sera fermé au plus tard au mois de mai de cette année.

La responsable de la Sécurité, comme les représentants du Haut Commissariat aux réfugiés à Hongkong se sont dit persuadés que cette mesure n’était pas susceptible d’attirer une nouvelle vague de « boat people » sur le territoire. Hongkong continue d’appliquer strictement une politique de rapatriement immédiat des migrants illégaux tentant de venir résider à Hongkong.

Commentant cette nouvelle, le fonctionnaire du gouvernement de Hongkong a expliqué que des efforts considérables ont été consentis par le gouvernement pour trouver un pays d’accueil pour les réfugiés vietnamiens : « Il est devenu évident que nous approchons de la fin d’un processus engagé depuis si longtemps et que la seule solution effective et durable réside dans une complète intégration ». Elle a aussi ajouté : « L’intégration est la solution la plus humaine, en particulier, pour les enfants qui sont nés à Hongkong Il est probable qu’un des objectifs de cette initiative était de rendre plus facile leur embauche par les entreprises de Hongkong et en beaucoup de cas de régulariser des situations un peu compliquées.

Plus de 200 000 Vietnamiens ont abordé à Hongkong après la fin de la guerre et le changement de régime qui a suivi. En 1979, année où les départs clandestins hors du Vietnam étaient particulièrement nombreux, la Grande Bretagne signait, lors de la Conférence de Genève sur les réfugiés un accord faisant de Hongkong une terre de premier asile. Pendant une dizaine d’année, les demandeurs d’asile se présentant aux services d’immigrations de Hongkong étaient automatiquement considérés comme réfugiés politiques. Puis vers la fin de 1980, le gouvernement du territoire inventait et instituait le système dit du screening, procédure d’examen mise en ouvre par les services d’immigration accordant ou refusant le statut de réfugiés aux demandeurs d’asile. Le système du screening fut repris en 1989, par la Conférence de Genève sous le nom du plan global d’action. Désormais ceux qui étaient rejetés à la suite de cette procédure, étaient des migrants illégaux destinés à être rapatriés volontaires au début et forcés ensuite. 143 000 des 200 000 demandeurs d’asile vietnamiens ont pu trouver un accueil définitif dans un pays tiers. 94 700 autres qui, après l’épreuve du screening, s’étaient vus refuser le statut de réfugiés, ont été rapatriés vers le Vietnam, avec leur acquiescement au début, et à la fin, sous la contrainte et d’une façon dramatique (28).