Eglises d'Asie – Philippines
Malgré une nouvelle reprise des négociations entre gouvernement et séparatistes musulmans, les combats continuent et la population fuit la guerre
Publié le 18/03/2010
Cette décision a été prise deux jours après la date où aurait dû débuter la deuxième série de pourparlers de l’année, prévue depuis longtemps. Ce jour-là, le 21 février, après trois jours d’affrontements entre les deux parties, qui avaient fait 25 morts, l’armée philippine avait fini par s’emparer de la base la plus importante des forces du MILF, le camp Omar-Al-Farouk. Elle en avait détruit les abris, saisi les armes et avait planté le drapeau philippin au milieu du camp. En apprenant la nouvelle, les représentants du MILF avaient quitté une séance de négociations déjà entamée, exigeant l’arrêt immédiat de cette offensive contre leur camp, comme préalable à une reprise des négociations. Selon d’autres sources, l’ajournement de ces négociations avait déjà été décidé la veille et annoncé par les autorités gouvernementales philippines.
Au Mindanao, les pourparlers ne signifient donc pas forcément “cessez–le–feu ». Au contraire, à l’approche de chaque négociation, chacune des forces en présence cherche à renforcer sa position par de nouvelles conquêtes. Le représentant du MILF vient d’en convenir en déclarant qu’il faudrait sans attendre proclamer un nouveau cessez-le-feu pour éviter que les affrontements entre les deux parties ne viennent interrompre à nouveau le processus de paix.
En effet, en dépit de la reprise de pourparlers au début de l’année, les heurts et affrontements armés se sont multipliés depuis le 21 janvier et ont provoqué de très importants déplacements de la population civile. Selon Mgr Romulo Valles, évêque de Kidapawan, diocèse qui se trouve au centre de Mindanao et où ont eu lieu de nombreux accrochages en particulier près de la ville de Carmen, des milliers de familles avaient quitté cette ville lors des combats d’octobre-novembre 1999, près de cinq cent familles refusent encore de quitter les camps d’hébergement estimant que la sécurité est encore insuffisante aujourd’hui. On signale depuis le début de cette année de nombreux autres déplacements de population. Selon le maire de Carmen, après une attaque aux roquettes par des hélicoptères de l’armée nationale, plus de 6 100 per-sonnes appartenant à une ethnie aborigène ont dû évacuer leur village. Un représentant d’une ONG a révélé au cours d’une réunion tenue à Davao, que plus de 5 000 familles aborigènes du nord de Carmen ont également été déplacées. La plupart ont trouvé refuge dans des écoles et dans une mosquée à Kabacan et Kibuyao, à 10 km de Carmen.