Eglises d'Asie

La presse saigonaise met en garde contre la vogue des mariages “arrangés” entre Taiwanais et jeunes filles vietnamiennes

Publié le 18/03/2010




Les mariages arrangés entre ressortissants taiwanais et jeunes filles vietnamiennes continuent de se multiplier au Vietnam, malgré les nombreux cris d’alerte lancés par la presse vietnamienne (32), depuis qu’un hebdomadaire féminin Phu Nu avait attiré l’attention de l’opinion publique sur ce phénomène en février 1996 et fourni des preuves accablantes de l’issue souvent catastrophique de ce type d’union (33), une issue connue aussi bien des autorités vietnamiennes que taiwanaises. De 1994 à 1999, 15 000 jeunes filles vietnamiennes ont contracté des mariages avec des époux taiwanais, par l’intermédiaire d’agences spécialisées taiwanais ou vietnamiennes. Dans un récent article (34), l’hebdomadaire Catholicisme et Nation demande au gouvernement de prendre des mesures sévères : “Il est peut-être temps, affirme-t-il, que l’Etat fasse paraître un texte de réglementation qui fasse obstacle aux mariages avec des ressortissants taiwanais, contractés pour des motifs uniquement pragmatiques ou négatifs. »

L’engouement de certaines jeunes filles pour ce type de mariages a surgi spontanément dans le milieu des années 1990, sans qu’il n’y ait aucune tradition préalable dans le pays à cet égard. Ces unions ne peuvent être expliquées par aucune affinité préalable, affirme l’hebdomadaire saigonais. Au contraire de nombreuses différences, en apparence insurmontables, dans le domaine de la culture, des mours, de la langue, rendent, à priori extrêmement improbables la réussite de tels couples. En réalité, affirme le journal, sauf pour des cas très rares, une seule motivation est à l’origine de l’engagement des jeunes filles vietnamiennes dans de telles unions, une motivation d’ordre pragmatique. Les dépenses financières consenties par la partie taiwanaise pour un mariage de ce genre se montent aux alentours de 8 à 10 000 dollars. En réalité, sur cette somme, seule une partie minime revient à la mariée et à sa famille, entre 2 et 3 000 dollars, le reste étant empoché par les agences ayant servi d’intermédiaires.

La grande majorité des Chinois de Taiwan, demandeurs d’épouses vietnamiennes, appartiennent à des catégories bien spéciales. Ils sont généralement peu avantagés par la nature, certains sont affligés de bec de lièvre ou d’un autre handicap physique ou intellectuel, quelquefois aveugles. Les jeunes vietnamiennes répondant à ces demandes proviennent généralement des zones rurales du pays et appartiennent à des familles pauvres. Sauf pour un certain nombre d’entre elles dont le choix est motivé par l’esprit d’aventure ou le désir de changer de vie, la majorité des jeunes filles séduites par ce gain important destiné à leurs familles, sont encore naïves et totalement ignorantes de la vie qui les attend. Il ne leur faudra pas longtemps après leur arrivée à Taiwan pour regretter leur décision, surtout lorsqu’elles s’aperçoivent comme un certain nombre d’enquêtes réalisées sur place l’ont montré, qu’on les destine à jouer le rôle de seconde épouse », ou encore d’épouse commune à plusieurs maris.

En 1996, un religieux franciscain (35), à l’occasion d’un séjour de quelques jours à Taiwan, avait pu mener, grâce à l’aide d’un certain nombre de prêtres vietnamiens exerçant leur ministère sur place, une enquête sur le sort des jeunes Vietnamiennes épousées par des Chinois de Taiwan. Selon lui, les couples sino-vietnamiens rencontrés pouvaient être classés en trois catégories. Seuls, quelques-uns peuvent être appelés des couples normaux, ne rencontrant pas plus de difficultés que les autres couples composés de deux partenaires appartenant à des nationalités différentes. La catégorie la plus nombreuse est formée de couples à problèmes, formés de deux partenaires peu assortis, souvent d’âges, d’apparences physiques ou de santé totalement dissemblables. La troisième catégorie est composée par des couples dont le partenaire taiwanais n’est en réalité qu’un proxénète ou, plus souvent, un intermédiaire travaillant au service d’organisations criminelles.