Eglises d'Asie

La situation dans les camps de réfugiés au Timor occidental est catastrophique

Publié le 18/03/2010




“La situation dans les camps est catastrophique », a déclaré Thomas Pickering, sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires politiques, de retour du Timor occidental où il s’est rendu début mars pour visiter les camps où des dizaines de milliers de Timorais orientaux sont encore entassés. “La situation y est insoutenable », a précisé le sous-secrétaire d’Etat au cours d’un point de presse, le 3 mars, à Jakarta : “Sur les 250 000 personnes qui ont fui ou qui ont été déportées de force par les miliciens, 90 000 sont encore dans les camps du Timor occidental ». L’ambassadeur des Etats Unis en Indonésie, Robert Gelbard, a confirmé au cours de ce même point de presse, que les camps étaient toujours sous le contrôle des miliciens pro-indonésiens et que les tracasseries et les intimidations de toutes sortes étaient toujours de règle. “Nous pensons qu’il est important que le gouvernement décide le retrait des miliciens et crée les conditions nécessaires de sécurité pour que les réfugiés puissent choisir librement soit de rester au Timor occidental, soit de rentrer chez eux », ont déclaré les deux envoyés de Washington qui venaient de rencontrer le président Abdurrahman Wahid et le président de l’Assemblée populaire consultative, Amien Rais.

Les équipes d’aide humanitaire qui font leur possible pour aider ces dizaines de milliers de réfugiés confirment les témoignages de la délégation américaine. L’Association catholique indonésienne des services de santé, animée par le P. Alex Kobesi, appuyée par l’UNICEF, a envoyé plusieurs équipes médicales à la frontière qui jouxte les deux Timor, dans les districts de Belu et du Centre Nord, soit une trentaine de médecins et environ 60 aides-soignantes. Le témoignage du docteur Christianto Sanjaya est accablant. Pour lui, les enfants doivent être prioritaires car leur situation est alarmante Beaucoup souffrent d’infections respiratoires, de malaria, de la grippe et de maladies de peau. Leur alimentation est insuffisante et inadaptée », rapporte Sanjaya, maître assistant et directeur de l’école de médecine de l’université catholique Atma Jaya, le 25 février, après une visite d’exploration auprès des réfugiés d’Halilulik, à 30 km au sud d’Atambua où les conditions d’hygiène sont très mauvaises. Le médecin a lancé un appel aux réfugiés eux-mêmes pour les inciter à coopérer avec les équipes médicales afin de tenter d’améliorer plus rapidement leur situation.

La Congrégation du Verbe Divin, qui travaille dans le diocèse d’Atambua, au Timor occidental, a fourni une aide alimentaire importante aux 4 097 réfugiés du camp de Sesekoe tout à côté d’Atambua à qui le P. Nikolaus Buku, l’économe du diocèse, a pu faire parvenir dix tonnes de riz. Il aide également les 5 600 réfugiés du village de Nenuk, à 10 km de là. D’après le P. Buku, leur nombre s’est encore augmenté de ceux venus du camp d’Atapupu, 25 km au nord d’Atambua où des cas de malaria ont été enregistrés. Le diocèse évalue à environ 90 000 le nombre de Timorais orientaux réfugiés sur son territoire. La nourriture manque. Le P. Buku et l’assistant du Haut commissaire de la Croix rouge internationale, Soren Jessen Petersen, s’inquiètent parce que le gouvernement indonésien vient de décider d’arrêter toute assistance aux réfugiés du Timor-Oriental à partir du 31 mars.

Les Eglises et le gouvernement les encouragent à rentrer chez eux et les aident pour leur retour mais Mgr Anton Pain Ratu, évêque d’Atambua, a expliqué le 5 février, que beaucoup hésitaient encore à rentrer au Timor-Oriental par peur des groupes armés et parce qu’ils sont intimidés par de fausses informations. D’autres, compromis dans des affaires criminelles ou de pillage, ne souhaitent pas rentrer.

Soren Jessen Petersen a reçu du gouvernement indonésien l’assurance que tout serait fait pour éviter une rupture brutale de l’aide gouvernementale et pour que les réfugiés puissent, dans la sérénité, faire le choix de rentrer ou de rester en Indonésie, mais, fait-il remarquer, l’accès aux camps n’avait pas été facile pour lui-même.