Eglises d'Asie

Le gouvernement a entamé des négociations avec certains dirigeants chrétiens évangéliques en vue d’une normalisation des relations entre leur Eglise et l’Etat

Publié le 18/03/2010




Un rapport élaboré par la Commission de l’Association évangélique mondiale sur la liberté religieuse, paru à Singapour le 15 février 2000 (29), fait état de négociations entamées entre le Bureau des Affaires religieuses et un certain nombre de dirigeants de l’Eglise Evangélique au Sud-Vietnam, négociations destinées à normaliser les rapports entre cette Eglise et l’Etat. Ce n’est pas la première fois que ce type de dialogue a lieu, mais jusqu’à présent il n’est jamais parvenu à créer une structure de liaison entre la communauté protestante du Sud et les autorités civiles.

Selon le rapport, la difficulté du dialogue entre les autorités centrales et l’Eglise évangélique du Sud tient en premier lieu au fait que celle-ci n’a pas à proprement parler de direction centrale. De ce fait, le Bureau des Affaires religieuses, de son propre chef, a choisi de traiter avec certains dirigeants qui, précisément à cause de ces relations avec les autorités, sont devenus l’objet des soupçons des autres dirigeants. Toutefois, un projet de normalisation en trois étapes a été négocié au mois de janvier entre les autorités civiles et deux dirigeants de cette Eglise, dont l’identité n’a pas été dévoilée par le rapport de la Commission. Ce projet a été approuvé par le gouvernement le 28 janvier 2000. Dans un premier temps, un comité d’organisation composé de 25 pasteurs de l’Eglise évangélique du Vietnam rencontrerait les autorités civiles pour s’accorder sur l’ensemble du projet. La seconde étape verrait ce premier comité de 25 pasteurs s’élargir, en accueillir 40 supplémentaires et se transformer en Comité de rédaction d’une nouvelle constitution acceptable par le gouvernement (l’ancienne ne l’étant pas). Dans le cas où ces deux premières étapes se seraient déroulées sans obstacles, ce qui est peu vraisemblable selon les auteurs du rapport, le gouvernement permettrait alors, pour la première fois depuis le changement de régime, la réunion d’une Assemblée de l’Eglise évangélique à l’échelon national.

Le rapport de la Commission de Singapour fait remarquer de plus que le Bureau des Affaires religieuses, en particulier, son directeur adjoint, Nguyên Chinh, plus spécialement chargé de l’Eglise évangélique du Vietnam, est très engagé dans ce processus et se réserve le droit d’approuver ou désapprouver les membres des divers comités lors de leur création. Il faut ajouter que c’est à l’issue d’un processus du même type qu’a été créé en 1983, sous le patronage du Front patriotique, l’Eglise bouddhiste du Vietnam. Un même processus a, plus récemment, abouti à la mise en place des structures officielles de l’islam, de diverses branches du Caodaïsme et du Bouddhisme Hoa Hao. Des six religions aujourd’hui officiellement reconnues par l’Etat seul le catholicisme n’a pas eu à se soumettre à un tel processus.

Au Nord-Vietnam, l’Eglise évangélique a été reconnue dès les années 1960 et, depuis, sa direction, selon les termes du rapport, est entièrement manipulée » par le Bureau des Affaires religieuses. Un processus similaire y est à l’ouvre. Le gouvernement s’y est fortement impliqué puisque dans une lettre envoyée aux dirigeants d’Eglise, le 12 janvier dernier, il a exclu de la future direction, celui que les responsables des communautés du Nord auraient spontanément choisi, à savoir le pasteur Au Quang Vinh, de Hanoi, décrit comme coupable d’avoir enfreint la loi et d’être un mauvais exemple pour les membres de l’Eglise et les citoyens.