Eglises d'Asie

Le président Kim Dae-jung a invité Jean-Paul II à visiter la Corée du Nord

Publié le 18/03/2010




Le 4 mars au Vatican, Kim Dae-jung a invité le pape à se rendre en visite en Corée du Nord. Selon le porte-parole de la présidence sud-coréenne, le président Kim aurait dit à Jean-Paul II : “Si vous pouviez visiter ce pays communiste, ce serait une contribution énorme apportée à la paix dans la péninsule coréenne, en Asie et dans le monde ». C’était la première fois qu’un président sud-coréen était reçu au Vatican en visite d’Etat (même si Kim Dae-jung, un catholique pratiquant, avait déjà pu rencontrer le pape au Saint-Siège alors qu’il n’était que le chef de l’opposition).

Ancien dissident, emprisonné et condamné à mort en 1980 par le régime militaire alors au pouvoir en Corée du Sud, Kim Dae-jung, comme tous les Coréens du Sud, ressent la partition des deux Corée comme une déchirure. D’où son désir de pouvoir instaurer au moins un semblant de dialogue avec les frères » du Nord et l’aide alimentaire massive que la Corée du Sud leur fournit. Pour sa part, le pape connaît la Corée du Sud où il s’est déjà rendu deux fois en 1984 et en 1986, mais ne s’est encore jamais rendu en Corée du Nord.

Dans sa réponse, le pape a exprimé son désir de voir réconciliées les deux Corée mais il a précisé qu’il n’existait pour l’instant aucun projet de visite. Cependant il a saisi l’occasion pour demander à la communauté internationale de continuer à se montrer généreuse à l’égard des victimes qui souffrent de la famine en Corée du Nord ». Le Saint-Siège, qui n’entretient pas de relations diplomatiques avec le régime communiste du Nord, lui a pourtant fait parvenir, en signe de solidarité depuis 1996, près de 10 millions de dollars US d’aide alimentaire et pharmaceutique.

Dans son discours, prononcé en anglais, le pape a exprimé sa confiance au peuple de la Corée du Sud et son souhait de le voir développer son riche patrimoine culturel et spirituel et y trouver la sagesse, l’esprit et le cour nécessaires pour bâtir une société digne de ses anciennes traditions. Après avoir exprimé au président tous ses souhaits de réussite pour ses efforts en vue de promouvoir un renouveau de la société et la réconciliation de toute la famille coréenne, le pape a rappelé que la production et le profit ne peuvent être les seules mesures du progrès, (.) que le vrai développement requiert que chaque homme et chaque femme soient vus comme les sujets de droits inaliénables et de liberté et que les dimensions sociales, culturelles et religieuses de la vie soient toujours et partout défendues et promues ».

La population de la Corée du Sud est de 47 millions d’habitants dont 3,8 millions sont catholiques.

A l’occasion du Jubilé, un diocèse remet les dettes dues par les fidèles

Mgr Paul Ri Moun-hi, archevêque de Taegu, dans le quart sud-est de la Corée du Sud, a annoncé, dans une lettre rendue publique le 20 février dernier, que toutes les paroisses de son archidiocèse effaçaient de leurs livres de compte toutes les dettes impayées dues par les paroissiens à la date du 31 décembre 1998. Citant l’encyclique Tertio Millenio Adveniente, publiée en 1994 par Jean-Paul II, Mgr Paul Ri écrit que le Jubilé a pour conséquence la libération » de tous ceux qui doivent être libérés. A cette occasion, poursuit l’archevêque de Taegu, l’Eglise accorde des indulgences et s’efforce de mieux vivre l’option préférentielle pour les pauvres et les exclus ». Le diocèse diminuera sans hésiter les charges qui reposent sur les paroissiens si ceuxci hésitent à se rendre à l’église parce qu’ils n’ont pas payé leur denier du culte ». Le denier du culte (gyomugum, en coréen) au sein de l’Eglise en Corée du Sud est une chose sérieuse et très institutionnalisée : chaque paroissien “doit” à l’Eglise une journée de travail par mois et les livres de compte des paroisses tiennent ces contributions à jour.

Pour le denier du culte dû après le 31 décembre 1998, Mgr Paul Ri écrit dans sa lettre que les paroissiens qui rencontrent des difficultés à honorer leurs promesses doivent s’en ouvrir à leur curé et voir ensemble comment ils peuvent sortir de ces difficultés. Une catholique de la paroisse de Pulro-dong, Elisabeth Jeong Jin-kyung, s’est déclarée très heureuse d’être ainsi soulagée » d’un lourd poids, expliquant qu’elle n’avait pratiquement pas pu satisfaire aux obligations du denier du culte depuis son licenciement en 1997. Avec la crise financière puis économique qu’a traversée le pays à partir de l’automne 1997, de très nombreuses personnes se sont en effet retrouvées au chômage. Des catholiques parmi eux ne peuvent plus payer le denier du culte ; et de ce fait, certains d’entre eux n’osent se rendre à l’église.

L’archidiocèse de Taegu est le second diocèse en Corée du Sud à adopter une telle mesure. En décembre dernier, le diocèse d’Inchon, à l’ouest de Séoul, avait annoncé l’effacement des dettes impayées.