Eglises d'Asie

Les résultats des élections législatives dans quatre Etats ont été décevants pour le parti pro-hindou BJP

Publié le 18/03/2010




Dans les milieux chrétiens, une certaine satisfaction a été ressentie après l’échec du Bharatiya Janata Party (BJP), parti pro-hindou, à remporter l’éclatante victoire électorale escomptée par lui dans les quatre Etats de l’Inde, où se déroulaient des élections législatives, le 20, 21 et 22 février derniers. Mgr Henri Takhur, évêque de Bettiah, dans l’Etat du Bihar où le parti BJP qui anime la coalition gouvernementale actuelle n’a obtenu que 67 des 324 sièges proposés aux suffrages des électeurs, a même déclaré que les piètres résultats obtenus par ce parti “lui avaient désormais coupé les ailes ». Le nombre des élus du BJP dans les Etats de Manipur, Haryana et Orissa est bien loin d’être aussi élevé que celui qui lui avait été promis par les médias, alors que les performances réalisées par ses alliés de la coalition majoritaire sont partout excellents. Dans l’Haryana, il n’obtient que six des 90 sièges disputés. Les résultats sont légèrement plus élevés dans l’Orissa, mais loin de correspondre aux espérances : 38 sur 147. Dans le Manipur, le parti qui détient le pouvoir au niveau fédéral n’a pu s’assurer que sept sièges sur 60.

Il faut cependant remarquer que même si le BJP n’est parvenu nulle part à réaliser le score qu’il projetait, il s’est cependant introduit au pouvoir dans deux des quatre Etats, porté par le succès de ses alliés au sein de l’Alliance démocratique nationale. A l’issue des élections de février, l’Alliance détenait 106 sièges sur 147 dans l’Etat d’Orissa obligeant l’ancien ministre président de l’Etat, Hemananda Biswal, du Parti du Congrès, à démissionner de son poste. Dans l’Haryana, l’Alliance est aussi victorieuse, grâce aux 47 siè-ges conquis par le Lok Dal Party, sièges qui vont s’ajouter aux six obtenus par le BJP. Au Bihar, les cho-ses ont plus mal tourné. La coalition conduite par le BJP n’a obtenu que 122 élus soit un de moins que le parti rival le Rashtriya janata Dal (Parti national du peuple), ce qui n’a pourtant pas empêché le gouver-neur de proclamer comme nouveau ministre-président, Nitish Kumar, chef de l’alliance démocratique nationale. Le 10 mars, après une semaine de troubles et de violences et sous la menace d’un refus de con-fiance de l’Assemblée législative, le nouveau ministre-président était déjà obligé de donner sa démission.

De ces plus récents résultats électoraux de l’Inde, l’évêque de Bettiah a tiré une conclusion concernant l’électorat indien et l’inefficacité des efforts des fondamentalistes hindous qui au cours des six derniers mois, ont tout fait pour terroriser les chrétiens et les diverses minorités du Bihar dans l’espoir de remporter une éclatante victoire ». La population de la région a montré que son adhésion aux idéaux de non-violence était beaucoup plus forte que la peur qu’on essayait de provoquer chez elle. Le jugement porté sur le plan national par le secrétaire de la Conférence épiscopale de l’Inde est analogue. Celui-ci voit dans les récents résultats un signe de bonne santé démocratique du pays. La presse qui avait annoncé une facile victoire des partis pro-hindous s’est donc trompée sur l’état d’esprit des gens qui de plus en plus se rangent aux côtés des partis d’esprit laïc, malgré les violences qui ont marqué ces élections et ont fait plus de quarante morts. L’Inde rurale a déjoué toutes les prévisions.

Mgr Thakur a également invité les partis d’esprit laïc, en particulier le Parti du Congrès, qui n’a obtenu que 23 sièges dans le Bihar, à se livrer à un examen de conscience et tenir compte du fait que le peuple du Bihar désire être gouverné par des hommes politiques d’esprit tolérant. Il a aussi regretté que les candidates féminines de basses castes, soutenues par divers groupes d’Eglise, n’aient obtenu que 3 000 voix en tout (10).