Eglises d'Asie

Les travailleurs philippins affrontent les nouvelles lois japonaises sur l’immigration

Publié le 18/03/2010




Un prêtre du bureau des migrations de l’Eglise des Philippines confirme que, malgré les nouvelles lois japonaises sur l’immigration, peu de travailleurs philippins ont consenti à rentrer au pays, n’hésitant pas ainsi à braver les dangers d’un séjour illégal au Japon. Le P. Paulo Prigol, scalabrien, a expliqué que la Conférence des évêques du Japon avait demandé à un avocat d’aider les travailleurs philippins présents au Japon à obtenir les documents nécessaires pour leur retour au pays mais qu’un “petit nombre seulement était rentré ». Le P. Prigol est secrétaire général de la Commission épiscopale de la pastorale des migrants et des personnes déplacées.

L’ambassade des Philippines à Tôkyô, quant à elle, a indiqué qu’elle avait fourni 5 000 documents permettant le retour chez eux des sans-papiers mais que les plus récentes estimations faisaient encore état de 40 000 philippins en situation illégale au Japon. La nouvelle loi japonaise du contrôle de l’immigration et des réfugiés a pris effet le 18 février et punit sévèrement les entrées et les séjours illégaux. Les peines peuvent aller jusqu’à trois ans de travail obligatoire en prison ou d’une amende de 300 000 yens (2 800 $US).

Les étrangers entrés au Japon légalement mais dont les permis de séjour ont expiré sont sommairement expulsés et interdits de retour pendant cinq ans. D’après les fonctionnaires japonais de l’immigration, la nouvelle loi concerne 270 000 étrangers en séjour illégal, dont, pour la plupart, le permis de séjour est périmé. Environ 30 % des étrangers en situation légale projettent de se marier avec un°e) Japonais(e) afin de pouvoir revenir au Japon grâce à un visa spécial destiné au regroupement familial, explique au téléphone le consul général de l’ambassade des Philippines, Benito Valeriano. C’est un fait avéré que les autorités japonaises de l’immigration sont plutôt bien disposées quand il s’agit d’épouses japonaises accompagnées d’enfants.

Le P. Frigol souligne que la sévérité des lois à l’encontre de l’immigration illégale au Japon ou en Italie, n’est pas, à long terme, une solution pour ces travailleurs issus de pays moins développés et soumis à une forte pression économique. Tant que les pays et les organisations régionales comme l’Association des nations du SudEst asiatique (ASEAN) ne trouveront pas d’autres mesures, l’immigration illégale continuera », affirme-t-il. Un document de cette Commission dont il est le secrétaire général, daté du 22 février, citait la nouvelle loi italienne sur l’émigration (N°40/98) en vue de refréner l’afflux des sans-papiers qui pourraient devenir un danger pour la sécurité publique ». Toujours d’après cette même Commission, le dossier sur l’immigration présenté fin 1999 par Caritas Rome fait état de 235 000 migrants sans papier en Italie, dont 13 000 philippins.

Yolanda Soriano, qui vient de rentrer aux Philippines, a travaillé 10 ans au Japon où elle aurait voulu rester plus longtemps parce que son dernier travail dans un grand magasin lui procurait un salaire mensuel de 2 000 $US, soit onze fois plus que le salaire minimum à Manille. J’aurais voulu rester au Japon, mais ce n’était pas bien », dit-elle. Un maçon, lui aussi de retour du Japon, confie aux journalistes que d’autres maçons comme lui ont décidé de rester illégalement à cause des salaires élevés. Il explique que son travail lui a permis d’acheter, aux Philippines, une maison et une voiture et d’envoyer ses deux enfants dans une école privée.

La plupart des étrangers au Japon travaillent dans l’industrie des loisirs, en usine ou sur des chantiers de construction, autant d’emplois que les Japonais dédaignent. Les statistiques du gouvernement philippin indiquent que 600 000 Philippins s’expatrient chaque année à la recherche d’un meilleur salaire. Au moins 50 000, surtout des femmes, vont au Japon pour y travailler dans les boîtes de nuit. Les deux-tiers des sans-papiers philippins au Japon sont des femmes.