Eglises d'Asie

Malgré une certaine tension, la visite et les gestes accomplis par le président Wahid au Timor-Oriental ont été appréciés

Publié le 18/03/2010




Le président indonésien Abdurraman Wahid lors de sa courte visite au nouvel Etat indépendant de Timor-Oriental, le mardi 29 février, a reçu un accueil mitigé si l’on en croit les comptes-rendus de diverses agences de presse. Les quelques acclamations qu’il a reçues ici et là n’ont pas compensé les manifestations hostiles organisées par la population et sévèrement contenues par les forces de l’ordre. Cependant cette visite et les excuses présentées à cette occasion par le président indonésien ont semblé contenter le Conseil national de la résistance timoraise. Son coordinateur politique, David Ximenes, a pu déclarer au sujet du président indonésien : « Qu’il soit venu ici et qu’il ait essayé de s’excuser nous suffit (…). Ce que nous voulons avant tout, c’est la réconciliation et la normalisation, non seulement entre nous mais aussi avec l’Indonésie ! »

C’est en effet la réconciliation qui a constitué le thème principal des propos tenus par le président indonésien à Dili, la capitale du nouvel Etat. Devant quelque 5 000 personne venus l’accueillir au Bureau de l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor (UNTAET), avec les deux évêques Mgr Carlos Filippe Ximenes Belo et Mgr Basilio do Nascimento, le dirigeant indépendantiste Xanana Gusmao et le chef de l’UNTAET, il a déclaré : « Entamons la construction d’un avenir meilleur pour Timor Leste (terme local pour TimorOriental) et pour l’Indonésie S’adressant aux jeunes Timorais, il leur a promis d’ouvrir les portes des universités indonésiennes où ils pourraient revenir achever leurs études, ce qui a provoqué au sein de la foule quelques acclamations familières : « Viva Gus Dur ».

Au cimetière Santa Cruz, théâtre du massacre de manifestants timorais par les troupes indonésiennes en 1991 (27), il a déposé une gerbe de fleurs et déclaré : « Pour ce qui s’est passé, je veux présenter mes excuses aux victimes et à leurs familles, à nos amis enterrés ici (…). Ils ont été les victimes de circonstances que nous n’avons pas désirées Les victimes déplorées par l’actuel président de l’Indonésie sont estimées au nombre de 250 par la résistance timoraise et à plus de 50 par les autorités indonésiennes. Une seconde gerbe a été ensuite déposée par lui au cimetière indonésien voisin. Depuis Dili, le président Wahid s’est envolé pour Kupang, au Timor occidental, où il est allé à la rencontre de quelques-uns des 100 000 réfugiés du Timor-Oriental encore entassés dans les camps de cette province indonésienne (28). Aux responsables catholiques, il a promis de régulariser au plus vite le retour dans leur pays des expatriés.

Avant la visite au Timor-Oriental du président de l’Indonésie, plusieurs personnalités du nouvel Etat avaient exprimé leurs sentiments favorables à son égard. Mgr Belo avait estimé que cette visite apporterait un peu d’air frais dans les relations bilatérales entre les deux pays, tandis que « Xanana » Gusmao avait porté une appréciation flatteuse à son endroit : « C’est un grand ecclésiastique musulman et un symbole de la démocratie au XXIème siècle»