Eglises d'Asie

Un évêque de Birmanie demande pardon pour un massacre de soldats japonais au cours de la seconde guerre mondiale

Publié le 18/03/2010




Un évêque de Birmanie, qui a fait bâtir un monument en souvenir de soldats japonais tués près de chez lui durant la deuxième guerre mondiale, a demandé pardon pour ce massacre au cours de son récent passage au Japon. “Je suis venu parce que je voulais vous demander pardon et aussi vous parler du monument que nous avons érigé en mémoire des morts », a déclaré Mgr Abraham Than, évêque de Kengtung, durant une conférence de presse à l’archevêché de Tôkyô, le 20 janvier. D’après Mgr Than, les gens du pays, dont son frère et son oncle, ont tué au lieu de les faire prisonniers les 44 soldats japonais qu’ils ont pris au dépourvu le 7 juin 1945, près du village de Tha Ao, dans le sud de la Birmanie, alors qu’ils s’étaient arrêtés pour se reposer.

Les forces japonaises, expulsées de Birmanie, se repliaient alors sur leurs bases en Thaïlande. Mgr Than, séminariste à l’époque, n’avait pas été autorisé par son supérieur à aller, lui aussi, à la rivière. Quelque dix ans plus tard, raconte Mgr Than, alors qu’il suivait des cours de troisième cycle à Rome, il est devenu l’ami de deux prêtres japonais, le P. Chokichi Hatada, décédé depuis, et le futur cardinal de Tôkyô, Seiichi Shirayanagi. Le P. Hatada, lui-même, avait servi en Birmanie dans l’armée japonaise et c’est par lui, explique Mgr Than, qu’il a appris que son frère, son oncle et d’autres avaient tué des amis du P. Hatada, des séminaristes comme eux, happés par la guerre. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de demander votre pardon pour cette tragédie. Nous sommes malheureux de penser qu’il y avait des futurs prêtres parmi ceux qui ont été tués. Elever un monument à leur mémoire est tout ce que nous pouvions faire ».

Mgr Than a fait construire ce mémorial tout près du lieu du massacre au pied des montagnes, à Tha Ao, près de Toungoo et depuis, deux messes y sont célébrées chaque année. Sa visite au Japon a été facilitée par son ami de plus de 40 ans, le cardinal Shirayanagi. D’après Mgr Than, l’inscription sur le monument n’a pas seulement été composée par le cardinal mais écrite de sa main même. Les liens étroits qui unissent les deux évêques se concrétisent par La Journée du Myanmar » qu’organise l’archidiocèse de Tôkyô, chaque troisième dimanche de novembre, où des fonds sont recueillis en faveur des séminaristes de Birmanie.