Eglises d'Asie

Basilan : une prise d’otages ouvre des perspectives de dialogue entre chrétiens et musulmans

Publié le 18/03/2010




Dans l’île de Basilan, au sud-est de Mindanao, Mgr Romulo de la Cruz, évêque de la prélature d’Isabela, s’est déclaré inquiet à propos du sort des otages encore détenus par des membres du groupe extrémiste musulman Abu Sayyaf mais estime aussi que, paradoxalement, cette prise d’otages pourrait ouvrir des perspectives de dialogue entre chrétiens et musulmans dans cette île où l’insécurité est chronique (20). Le 20 mars, un commando de ce groupe musulman extrémiste a investi une école à Tumahubong, dans l’île de Basilan. Depuis, les hommes de ce commando ont relâché une femme enceinte et 13 des 31 jeunes otages, mais ils détiennent toujours 28 enfants, huit de leurs professeurs et le P. Gallardo, principal de leur école, une école tenue par les clarétins.

Selon Mgr de la Cruz, de nombreux enfants de famille musulmane à Basilan et Zamboanga (à Mindanao) ont écrit aux ravisseurs pour leur demander de relâcher tous les otages et de ne plus jamais kidnapper quiconque. Les lettres ont été publiées dans les journaux locaux et lues sur les ondes des radios locales, les frais de cette opération étant pris en charge par des hommes d’affaires chrétiens et musulmans de Basilan.

En réponse à cette prise d’otages, des parents – de confession musulmane – des enfants retenus en otages ont à leur tour, avec l’aide d’hommes politiques locaux, pris en otages l’épouse, les enfants et la mère de Khadafy Janjalani, le chef du commando preneur d’otages. Ils ont déclaré qu’ils ne rendraient la liberté aux membres de la famille de Janjalani que lorsque le commando Abu Sayyaf aurait relâché tous ses otages.

Le commando a alors demandé la démission du gouverneur de la province de Basilan, lui-même un ancien membre du groupe Abu Sayyaf, et du chef de la police d’Isabela, accusant ces deux hommes d’avoir fomenté la prise en otages des membres de la famille de Janjalani. De nombreuses personnes ont déclaré qu’elles ne laisseraient pas le gouverneur et le chef de la police démissionner. Mgr Cruz, tout en condamnant l’enlèvement de la famille de Janjalani, a déclaré : Pour une fois, nous avons aux postes de pouvoir deux hommes responsables qui se soucient du sort des chrétiens et des musulmans et qui n’hésitent pas à s’opposer à Abu Sayyaf ».