Eglises d'Asie

LA VIE, LA VÉRITE, L’AMOUR

Publié le 18/03/2010




Message de la Commission ‘Justice et paix’

de la Conférence des évêques catholiques de Corée du Sud

pour les élections générales du 13 avril

Le respect de « la Vie, la Vérité, l’Amour » doivent être les critères de discernement à partir desquels les électeurs catholiques choisissent leur candidat.

1) Les Coréens vont élire les membres de leur 16ème Assemblée nationale au cours du Carême du grand Jubilé de l’an 2000. La fièvre électorale atteint déjà son comble. La communauté internationale sui-vra attentivement ces élections qui sont les premières élections géné-rales de Corée (un des pays qui a acquis son indépendance au lende-main de la seconde guerre mondiale) depuis que la démocratisation de la vie politique a vu l’opposition succéder au parti au pouvoir lors d’une transition pacifique. Plus encore, ces élections sont très impor-tantes à nos yeux car elles constituent une sorte de test et décideront en partie de ce que sera le nouveau millénaire. L’Eglise espère que le peuple de Corée fera preuve de maturité démocratique au cours de ce processus électoral. Un tel espoir est particulièrement tourné vers les catholiques qui vivent le Carême comme un temps de conversion et de grâce afin que ces élections constituent une opportunité d’insuffler un peu d’esprit chrétien dans l’ordre politique du monde.

2) Le niveau politique d’un Etat dépend du degré de conscience politique de ses électeurs. Par conséquent, il est important que chaque électeur développe un sens politique mature. Pour développer une conscience politique vraie, l’Eglise propose les valeurs de « la vie, la vérité et l’amour », suivant en cela l’enseignement de Jésus Christ qui est « la Voie, la Vérité et la Vie ». Chacun aspire à ces valeurs car elles sont inscrites au cour de chaque personne. De fait, ces valeurs peuvent être d’une aide précieuse pour discerner entre les programmes de chaque parti politique, la personnalité et les promesses de chacun des candidats et finalement les vrais critères qui président au choix des électeurs eux-mêmes. Nous proposons le respect de « la vie, la vérité, l’amour » comme critère de discernement, un critère que chacun des électeurs pourra utiliser pour choisir entre les différents candidats à ces élections générales du 13 avril.

3) Le droit à la vie est le plus fondamental des droits. Nous devons entendre le cri d’une jeune mère : « Même si c’est mon pays, je le renie s’il ne protège pas le droit à la vie des gens.». La vie de tous, y compris des handicapés et des personnes âgées, doit être protégée du moment de la conception à la mort naturelle. Le droit à la vie doit être protégé contre les manifestations de la culture de la mort que sont, par exemple, l’avortement ou l’euthanasie. Le respect de la vie appelle des politiques conçues pour prévenir toute forme de violence et toutes les actions qui mettent en danger la vie. Nous avons besoin de politiques pour protéger l’environnement de la pollution et d’hommes politiques sensibles à ceux qui luttent contre la faim et la pauvreté, pour les chômeurs dont les familles sont ruinées, pour les personnes qui sentent que leur vie est en danger et leur dignité bafouée par toutes sortes de violences, telles que les violences sexuelles ou les trafics d’êtres humains et de drogues. Une démocratie qui ne protège pas le droit à la vie a d’ores et déjà perdu sa raison d’être.

4) Nous voulons que notre pays soit bâti sur la vérité. S’il n’y pas de vérité suprême pour conduire et contrôler l’activité politique, les hommes politiques peuvent utiliser les idéologies et les politiques comme des outils au service de leur pouvoir personnel. Chacun des programmes et chacune des promesses électorales doivent être jaugés à l’aune de la vérité. Le régionalisme ne participe pas de la vérité. La vérité n’est pas un sentiment subjectif mais un fait objectif. Nous agissons correctement quand nous vivons de la vérité. Le sentiment régional n’a rien à voir avec la vérité. De façon à bâtir notre pays sur la vérité et la liberté, nous devons agir et parler strictement de la vérité objective et non être captifs des liens du sang, des camaraderies de promotion ou du régionalisme. Nous ne pouvons faire confiance qu’aux hommes politiques honnêtes qui agissent et parlent en vérité. Nombreuses sont les tentations qui nous empêchent de vivre en vérité. L’avidité de l’homme a corrompu l’environnement électoral. De façon à construire la bonne atmosphère politique, ni les électeurs ni les candidats ne doivent se laisser influencer par de l’argent.

5) L’esprit de service est ce qui est à la base de l’exercice du pouvoir politique. Les grandes politiques et les personnalités politiques sincères se réalisent, par le dévouement, dans le service de l’amour. La justice est un fruit de l’amour. Par conséquent, le service de l’amour s’accompagne d’actions pour la réalisation de la justice sociale. De façon à être un homme politique dévoué, il faut beaucoup de courage moral afin de repousser les tentations – qui sont nombreuses. Les hommes politiques devraient renoncer fermement à recourir à des moyens illégaux et injustes et à faire usage de propagande erronée ; ils devraient refuser de mentir pour parvenir et se maintenir au pouvoir coûte que coûte.

6) Nombreux sont ceux qui sont critiqués par le peuple parmi les dirigeants politiques, les députés, la classe dirigeante et les militants des partis. Ils sont accusés d’être égoïstes, de n’être motivés que par les intérêts de leur parti et leur ambition personnelle, d’être des idolâ-tres du pouvoir et du succès, d’être corrompus et de chercher à s’enri-chir, etc. Parfois, des gens se refusent à participer à la vie politique car ils n’y voient que corruption morale et n’y rencontrent que des politi-ciens injustes. Mais les catholiques ne doivent pas s’exonérer de la participation à la vie politique. Bien au contraire, ils doivent insuffler un esprit chrétien dans notre société en participant positivement à sa vie politique (cf. Jean-Paul II, Christi Fideles Laici, n° 42).

7) La recherche du bien commun est un des principes de base de la politique. Selon ce principe, nous sommes effectivement tous responsables de tous. « Ensemble, tous et chacun, nous sommes à la fois destinataires et participants actifs de la politique » (Christi Fideles Laici, n° 42). Par conséquent, nous devons travailler ensemble et de façon solidaire pour le bien commun. Les électeurs, en exerçant leurs droits dans la bonne direction, sont appelés à ouvrer afin que la vie politique en Corée s’oriente dans la bonne direction. Pour parvenir à cela, toutes les personnes de bonne volonté doivent, dans la solidarité, travailler et exercer leurs efforts ensemble.