Eglises d'Asie – Vietnam
Le repentir du pape est apprécié par la presse vietnamienne officielle qui l’assimile à une autocritique
Publié le 18/03/2010
L’article s’oriente ensuite vers un intéressant parallèle entre la repentance publique du pape et l’exercice d’autocritique en usage dans les mouvements de lutte révolutionnaires et au parti communiste. Ce sont ces mouvements qui, les premiers, dit l’article en oubliant les origines du repentir chrétien, qui ont mis en valeur la révision de vie. Même le grand dirigeant Hô Chi Minh et ses successeurs ont pratiqué l’autocritique publique et demandé le pardon du peuple pour les fautes du Parti ou de l’Etat révolutionnaire. Ce fut effectivement le cas après les crimes de la Réforme agraire à la fin des années cinquante. L’auteur évoque même, à ce propos, l’actuelle campagne de critiques et d’autocritiques dirigée contre la concussion et le favoritisme qui sévissent à l’intérieur du Parti communiste vietnamien. Selon lui cette campagne devrait permettre au Parti dirigeant de surmonter ses faiblesses et de devenir plus fort.
L’organe des jeunesses communistes à Hô Chi Minh-Ville, Tuôi Tre (Jeunesse) faisait paraître, le jour suivant, un nouveau commentaire du geste accompli par le chef de l’Eglise catholique le 12 mars dernier. L’auteur relève aussi le courage du pape dans sa reconnaissance des fautes qui « défiguraient le visage de l’Eglise Selon lui, les fautes figurant dans la liste énumérée par le pape dans son acte de repentance ont été provoquées par le complexe de supériorité que nourrissent les grandes religions monothéistes comme le christianisme et l’islam. Ce complexe s’est ensuite aggravé encore lorsque les anciens missionnaires ont succombé à la tentation du pouvoir, malgré la noble mission qui était la leur de civiliser d’autres sociétés et cultures.
Il est difficile de ne pas se souvenir à cette occasion de l’appel à la repentance lancé autrefois au Parti communiste vietnamien par le P. Chân Tin dans ses homélies de carême 1990 (23), homélies qui lui avaient valu quelque temps plus tard un certain nombre d’années de résidence surveillée. A l’époque, les autorités communistes n’avaient visiblement pas compris ce qui leur était demandé. Il est possible que le geste du pape les aide à faire la distinction entre l’autocritique, exercice où elles excellent et le repentir pour lequel une certaine conversion est requise.