Eglises d'Asie

Les cérémonies d’ordination d’un nouveau prêtre de l’archipel de Mentawai empruntent des coutumes de sa culture ancestrale

Publié le 18/03/2010




Le diocèse de Padang a tenu à mettre en valeur l’enracinement culturel du deuxième prêtre catholique issu de la population des îles Mentawai, un archipel situé à plus d’une centaine de km au large de la côte ouest de Sumatra. Lors d’une cérémonie qui a précédé son ordination sacerdotale dans l’église de l’Assomption à Sikakap, le 17 février dernier, le futur prêtre, Emilius Sakoikoi, qui arborait une coiffure témoignant de son identité ethnique, a remis une lance et un bouclier à son père en faveur de son petit frère. Par ce geste emprunté à la tradition de son peuple, le jeune homme transmettait à son cadet les droits et les devoirs qu’il détenait en tant qu’aîné de la famille, à savoir le droit de propriété sur les terres ancestrales et le devoir d’assumer la protection des membres de la parenté. La cérémonie s’est déroulée à l’intérieur d’une maison traditionnelle reconstituée sur le parvis de l’église.

L’évêque de Padang, Mgr Martinus Dogma Situmorang, dans son homélie, a souligné la portée historique de cette ordination. Même si les vocations dans la région sont encore très peu nombreuses, la venue au sacerdoce de jeunes issus de la population de l’archipel de Mentawai constitue pour elle une marque de maturité. Elle est désormais sur un pied d’égalité avec les autres peuples. Dieu, a-t-il expliqué, vient choisir des pasteurs à l’intérieur même du troupeau dont ils auront la charge. Ainsi l’ordination d’un prêtre est une étape dans le cheminement historique d’une ethnie en quête de son identité, une identité que l’influence des cultures environnantes a de plus en plus tendance à estomper mais que la cérémonie d’ordination est propre à mettre en valeur.

A l’issue de la cérémonie, le jeune prêtre a exprimé son désir de suivre le Christ sans renier son identité. Il a également fait part de son inquiétude à l’égard des jeunes de sa génération, trop enclins à délaisser leur culture traditionnelle pour suivre les sollicitations d’une modernité factice et superficielle.

Le premier prêtre de l’archipel, le P. Matheus Tatteburuk a été ordonné quelques années plus tôt. Le peu de vocations sacerdotales actuelles s’explique, en partie, par le très récent enracinement du catholicisme dans cette région. Voilà seulement 46 ans que les premiers missionnaires catholiques y sont arrivés. Beaucoup de fidèles actuels sont venus du protestantisme, s’étant tournés vers le catholicisme par admiration pour le travail des missionnaires.