Eglises d'Asie

Les protestants demandent l’adoption d’un amendement à la Constitution pour obliger l’Etat à procurer des établissements de culte aux adeptes de toutes les religions

Publié le 18/03/2010




Au cours d’une audience organisée par l’Assemblée consultative du peuple, des dirigeants protestants ont proposé d’amender l’article 29 de la Constitution relatif à la pratique religieuse. Un porte-parole de la Communion des Eglises protestantes en Indonésie a suggéré qu’une petite phrase soit ajoutée aux dispositions contenues dans cet article qui serait ainsi complété : “L’Etat doit procurer des établissements de culte aux adeptes des religions et des croyances pour qu’ils puissent les mettre en pratique d’une manière effective ». Dans l’argumentaire accompagnant le texte de cette proposition, les dirigeants protestants ont fait valoir que la liberté de religion accordée par l’Etat aux citoyens perdait toute signification si elle n’était pas accompagnée de l’assurance de pouvoir disposer de lieux de culte nécessaires à l’expression et à la pratique de cette religion.

Le texte de la proposition, donnée à connaître aux députés lors de l’audience du 28 février, s’attarde sur la situation actuelle qui a rendu nécessaire l’amendement proposé. Alors que, selon la Constitution, c’est l’Etat qui garantit aux religions la disposition d’un lieu de culte, en fait, le permis de construire des éta-blissements religieux dépend de l’accord de la population locale. En effet, un décret datant de 1969, tou-jours en vigueur aujourd’hui, contient entre autres dispositions, une clause stipulant que toute construction d’édifice religieux doit obtenir au préalable l’accord de la population habitant les alentours du lieu où il sera construit. Le porte-parole de la Communion des Eglises protestantes en Indonésie, lors de l’audience, a insisté pour que le permis de construire soit délivré par l’Etat et ne dépende pas d’une autre autorité collective ou individuelle, ce qui irait à l’encontre des directives de l’article 29 de la Constitution.

Durant les précédents régimes de Suharto et de Habibie, les responsables chrétiens avaient déjà essayé, mais sans succès, de faire révoquer le décret de 1969. Beaucoup pensent, en effet, que ce texte législatif est un des facteurs à l’origine de l’insécurité qui affecte les églises chrétiennes dans certaines régions, comme vient de le faire remarquer Mgr Dogma Situmorang, évêque catholique de Padang. Dans cette région de Sumatra oriental, le décret est interprété d’une manière particulièrement restrictive comme ne donnant droit d’existence qu’aux églises construites lors de l’époque coloniale, ce qui livre les lieux de culte plus récents à la merci des initiatives hostiles des fanatiques musulmans.

La proposition récemment présentée à l’Assemblée consultative du peuple insiste sur le fait que les fidèles devraient pouvoir utiliser leurs lieux de culte en toute sécurité. A ce propos, elle relève l’incapacité actuelle des pouvoirs publics à les protéger contre les émeutes et manifestations, soulignant même que les maisons closes offrent davantage de sécurité à leurs pensionnaires que les églises à leurs fidèles Depuis trente-deux ans, les établissements chrétiens ont été la cible de multiples agressions : 600 églises ont été brûlées ou détruites par des extrémistes musulmans. Dans l’état actuel des choses, il est devenu extrêmement difficile de reconstruire ou restaurer les édifices ainsi mis à mal.