Eglises d'Asie

Mindanao : les heurts entre militaires et rebelles musulmans provoquent des déplacements de population

Publié le 18/03/2010




Dans la province de Lanao del Norte, à Mindanao, près de 3 000 familles ont dû quitter la ville de Kauswagan après que celle-ci eut été brièvement occupée par les rebelles du Front moro islamique de libération (FMIL) le 17 mars dernier et que les troupes gouvernementales les en aient chassés moins de douze heures plus tard en donnant l’assaut. Ces familles ont trouvé refuge dans une dizaine de camps installés à la périphérie immédiate de la ville d’Iligan, capitale de la province. Le vicaire général du diocèse d’Iligan a appelé les parties en présence au calme et au respect mutuel.

Selon le témoignage de certains réfugiés, l’armée a donné l’ordre aux civils d’évacuer la ville, sous peine d’être pris entre les feux croisés des soldats et des rebelles. Mgr Jemar Vera Cruz, vicaire général du diocèse d’Iligan, rapporte cependant qu’il a reçu des informations selon lesquelles un officier de l’armée au moins a été vu ordonnant la destruction par le feu de maisons à Kauswagan, en représailles à l’occupation de la ville par le MILF. Quels que soient les responsables, l’Eglise condamne de tels actes. Les musulmans et les chrétiens devraient se montrer humains les uns envers les autres. Traitonsnous les uns les autres avec respect », a déclaré Mgr Jemar Vera Cruz.

Les rebelles du MILF, responsables de la prise de la ville de Kauswagan et de l’occupation de son hôtel de ville le 17 mars dernier, provenaient du groupe Maranao, un des treize clans musulmans de Mindanao. Les Maranaos composent environ le quart de la population de la ville de Kauswagan. Ces six derniers mois, les heurts entre rebelles du MILF et forces gouvernementales ont provoqué le déplacement d’environ 15 000 familles et la montée des hostilités entre le MILF et l’armée laisse craindre à certains observateurs une reprise de la guerre entre séparatistes musulmans et l’armée philippine, une guerre qui a fait près de 100 000 morts depuis les années 1970 (19). Le 21 mars, le président Estrada s’est rendu en visite à Kauswagan et, devant les soldats rassemblés, il a appelé à en finir » avec les rebelles musulmans. Nous n’en épargnerons aucun », a-t-il notamment déclaré.