Eglises d'Asie – Indonésie
Moluques : des religieuses se voient obligées de quitter la région après le saccage par les émeutiers de tous leurs établissements
Publié le 18/03/2010
Sour Alexia Eva, responsable de la communauté de Ternate, capitale de la province des Moluques septentrionales, explique que la décision a été prise le 25 février au cours d’un chapitre à Lotta réunissant la supérieure générale et les 27 religieuses au travail dans la province : “Cette décision est une étape historique dans l’histoire de notre congrégation. Jamais nous n’aurions imaginé que les 62 ans de travail des sours dans cette région pourraient se terminer ainsi, dans la peine (…). Les 12 établissement scolaires que nous animions et qui allaient du jardin d’enfants au lycée ont été incendiés. L’hôpital, la léproserie, les deux centres de soins et la maison des sours ont été très endommagés et pillés par les émeutiers ».
Les religieuses n’ont pas encore évalué le montant des pertes subies mais donnent quelques informations reçues de Ternate, le 5 mars. Les militaires ont transformé l’hôpital en poste de commandement et les musulmans, la maison des sours en lieu de prières rituelles. Elle précise également que les 27 religieuses qui travaillaient aux Moluques septentrionales ont quitté la région devenue dangereuse quelque cinq mois plus tôt et qu’elles n’y sont pas retournées depuis.
Les émeutes ont commencé à Ternate en novembre. Depuis, 17 000 personnes, à majorité chrétienne, ont fui aux Célèbes du Nord. Beaucoup vivent encore dans des camps de réfugiés dans des conditions misérables. Selon Sour Eva, le chapitre du 25 février a décidé d’envoyer les sours dans le diocèse de Manado, province des Célèbes centrales et dans celui de Ruteng à Florès. Vingt-cinq religieuses s’installeront sur le territoire de la paroisse du Christ Roi dans le village de Sulubombong, dans la province des Célèbes centrales et sur les paroisses de Ranggu et de Waelenggu à Florès. A Sulubombong, la congrégation ouvrira une école primaire, un collège et un dispensaire. A Ranggu, ce sera un collège et un centre médical et à Waelenggu, un jardin d’enfants et un autre collège. « Nous repartons de zéro », explique Sour Eva, elle-même originaire de Florès, ajoutant que ces nouvelles fondations leur avaient été demandées par les paroisses.
Les fondatrices de la première maison des Sours de St Joseph en Indonésie, à Ternate en 1937, sont deux sours missionnaires hollandaises. Quand les sours ont commencé leurs activités, déclare Sour Eva, “les musulmans vivaient en paix avec les chrétiens et soutenaient les sours dans leur travail d’éducation, d’entraide sociale et de soins médicaux (.). Ironiquement, c’est quand les conditions sociales se sont améliorées que les musulmans ont été incités à se retourner contre les chrétiens, à attaquer l’Eglise et les services qu’elle rendait ».