Eglises d'Asie

Mysore : des groupes hindouistes menacent d’installer des statues de divinités hindoues à l’intérieur des églises

Publié le 18/03/2010




Une lettre, dont les rédacteurs affirment être membres du Bajrang Dal (BD, Parti du dieu singe), a été envoyée à l’évêque catholique de Mysore, Mgr Joseph Roy. Ses auteurs menacent l’évêque d’édifier des temples à l’intérieur de l’enceinte de la cathédrale saint Joseph et dans l’environnement d’autres églises. Dans la même correspondance, le groupe hindou affiche encore son intention, à l’occasion du 14 avril, jour du nouvel an à Mysore et ailleurs dans l’Etat du Karnataka, d’installer dans l’église catholique une statue de Ganesh, divinité hindoue à trompe d’éléphant. La lettre dénonce aussi les conversions opérées par l’Eglise et prétend que les chrétiens sont venus en Inde comme marchands mais qu’ils ont construit des églises pour mieux dominer les hindous.

Selon l’évêque de Mysore, cette lettre est un élément de la stratégie systématique mise en ouvre par le groupe hindouiste militant pour ébranler les chrétiens de la région en s’attaquant à leurs sentiments religieux. Il y a deux ans, les militants hindous avaient pris pour cibles certaines écoles catholiques du diocèse, alléguant qu’elles ne suivaient pas les coutumes hindoues. L’année dernière, des placards avaient accusé les missionnaires de menées antinationales. Chacune de ces attaques avait été précédée par des lettres de menace similaires a précisé l’évêque. Celui-ci a révélé encore que les groupes hindouistes exigent aussi une parcelle de terrain d’Eglise pour y édifier un sanctuaire dédié à la divinité Rama. Cette tentative pour s’emparer de propriétés d’Eglise n’est pas nouvelle. Il y a quinze ans, des hindous avaient construit un sanctuaire dédié à Nandi Devatha (le dieu taureau) sur un trottoir attenant à la cathédrale sans aucune permission, construction qui, selon l’évêque, était destinée à semer le trouble dans une région où l’on voue un culte très fervent à cette divinité.

Mgr Roy a adressé une plainte au gouverneur et au ministre-président de l’Etat ainsi qu’à la police, à qui il a réclamé des assurances pour la sécurité des chrétiens de la région. Une association de laïcs catholiques pour la sécurité des églises soupçonne les auteurs de cette lettre de l’avoir rédigée sans le consentement des dirigeants du Bajrang Dal, dont ils se réclament.

Le dirigeant local du Bharatiya Janata Party (BJP, le Parti du peuple indien) estime que les rédacteurs de la lettre sont des éléments antisociaux, son propre parti n’ayant jamais, selon lui, encouragé les troubles communalistes et la violence. Il condamne cet incident comme tout un chacun, mais considère qu’il a pu être provoqué par le sentiment que fait naître dans les esprits la vue des luxueuses constructions des catholiques dans beaucoup de grandes villes de l’Inde.