Eglises d'Asie

Un groupe hindouiste veut s’opposer à “l’offensive missionnaire” lancée en Inde par Jean-Paul II

Publié le 18/03/2010




Le 11 mars dernier, à l’issue de leur convention annuelle, tenue à Nagpur dans le centre de l’Inde, les délégués du Rashtriya Sawayamsevak Sang (RSS, Corps national des volontaires) ont voté une résolution engageant les militants du mouvement à surveiller les missionnaires chrétiens que l’appel du pape Jean-Paul II à l’évangélisation de l’Asie en novembre 1999 aurait renforcés dans leurs ambitions conquérantes. Lors de la visite en Inde du Souverain Pontife qui, à cette occasion, aurait abusé de l’hospitalité offerte par un “pays tolérant de grosses sommes d’argent en provenance de l’étranger auraient été versées à l’armée des missionnaires travaillant au milieu des pauvres et des illettrés. Les responsables du RSS, association créée il y a 74 ans, à qui l’on attribue la responsabilité de l’assassinat de Gandhi, le père de la nation, ont encore appelé les hindous à déjouer les pièges de l’évangélisation. Ils les ont, en particulier, incités à se porter au devant des populations des ethnies minoritaires et des quartiers pauvres des villes pour les éduquer et les mettre en garde contre ce qu’ils appellent la conspiration évangélisatrice patronnée par l’Eglise.

Au nom de la Conférence épiscopale dont il est le vice-secrétaire général, le P. Donald D’Souza a déclaré que l’appel du RSS portait atteinte non seulement aux droits des minorités mais aussi à ceux du pays et de la démocratie. Les allégations contenues dans la résolution au sujet du danger représenté par les missionnaires et les conversions opérées par eux ne correspondent à aucune réalité. Le P. Ambroso Pinto, directeur de l’Institut social indien, pense également que l’interprétation de l’appel du pape par les extrémistes hindous manifeste une totale méconnaissance du véritable sens de ses paroles. L’appel du Pape à l’évangélisation ne visait pas la christianisation de la société mais l’édification d’une communauté humaine où chacun jouirait d’une même dignité, de l’égalité et de la liberté. En réalité, a poursuivi le prêtre, à travers ses déclarations, le RSS poursuit des fins électorales. Depuis sa création en 1926, cette association a toujours incité à la haine en opposant d’abord les dalits au reste de la communauté hindoue, puis en s’en prenant aux musulmans et en fin de compte aux chrétiens.

Au cours de sa convention annuelle, le RSS s’est donné un nouveau chef, Kuppahalli Sitaramayya Sudarshan. Ce partisan de la ligne dure a annoncé qu'”une guerre épique » serait livrée aux non-hindous par les hindous. A l’hebdomadaire Organizer qui est l’organe de son mouvement, il a affirmé que l’hindouisme a fait fausse route pendant trente ans mais que les nationalistes hindous allaient bientôt présenter un programme complet d’une nouvelle marche en avant. Il a prédit pour le troisième millénaire une explosion de nationalisme hindou. Enfin, il a exprimé sa volonté de voir la constitution indienne actuelle remplacée par une nouvelle, élaborée à partir des véritables aspirations des Indiens.