Eglises d'Asie

Après le meurtre “rituel” d’un prêtre en Sibérie, l’Eglise orthodoxe russe dénonce la multiplication des sectes

Publié le 18/03/2010




Les responsables de l’Eglise orthodoxe russe du diocèse de Krasnoïarsk, au cour de la Sibérie, à l’est du lac Baïkal et au nord de la Mongolie, ont vivement condamné le meurtre “rituel » d’un prêtre orthodoxe local et imputé sa mort à la multiplication des sectes étrangères en Russie. “Nous voyons cette tragédie comme la conséquence de la publicité donnée à toutes sortes de pseudo-religions, du retour aux sectes païennes et sataniques et du développement de nouveaux types de polythéisme », peut-on lire dans le communiqué publié par l’Eglise orthodoxe après le meurtre le 21 mars dernier du prêtre orthodoxe Grigory, âgé de 50 ans.

Selon la police locale, le P. Grigory, qui exerçait son ministère dans la ville de Tura, en Sibérie, a été poignardé puis décapité par un homme répondant au nom de Roman Krishnin. Puis, dans une des pièces de la maison du prêtre, pièce qui servait de chapelle, le meurtrier a pris la tête du P. Grigory, fait le tour de l’autel, laissant un cercle de sang sur le sol, et enfin l’a placée sur l’autel. Toujours selon la police, le meurtrier, arrêté le lendemain de son crime, a dit avoir agi sur l’ordre de son dieu Khrishna ».

La police locale pense que le nom de Roman Krishnin est un nom inventé. L’identité du meurtrier n’a pu être formellement établie mais on sait qu’il était arrivé à Tura il y a 18 mois, venant de la région de Tyumen, à un millier de kilomètres de là, où son père était chasseur. Le meurtrier connaissait bien le P. Gregory avec qui il avait sympathisé. Si la police pense que Roman a adopté le nom de Krishnin pour honorer le dieu hindou Krishna, elle a peine à croire qu’il est vraiment un adepte du groupe Hare Krishna. A Moscou, les membres du groupe Hare Krishna de Russie se déclarent inquiets des conséquences que pourrait avoir cette affaire, et de son exploitation éventuelle par des éléments hostiles aux groupes religieux et aux Eglises non orthodoxes. Le patriarche Alexis II, primat de l’Eglise orthodoxe russe, a qualifié le meurtre du P. Grigory de crime dirigé contre la Sainte Eglise ».

La Sibérie, immense territoire de 12,8 millions de km , est peuplée d’environ 30 millions d’habitants. Elle est divisée en sept éparchies orthodoxes. Aux côtés des orthodoxes se trouvent une minorité chrétienne (catholique et protestante). Entre un et deux millions de personnes y ont des racines catholiques (Polonais, Ukrainiens, Lituaniens) mais seulement quelques milliers d’entre eux seraient des catholiques pratiquants. En 1991, le pape a érigé la Sibérie en administration apostolique pour la partie asiatique de la Russie et a nommé Mgr Werth, d’origine germano-kazakhe, à sa tête. Trois prêtres l’assistaient à l’époque. En mai 1999, ce qui était le plus grand diocèse du monde (par la surface) a été divisé en deux avec la création de l’administration apostolique d’Irkoutsk, avec Mgr Georgij Mazur à sa tête. Environ 70 prêtres travaillent aujourd’hui dans ces deux circonscriptions catholiques.