Eglises d'Asie

Campagne d’intimidation contre les bouddhistes hoa hao pour empêcher la célébration de l’anniversaire de la mort du fondateur

Publié le 18/03/2010




Le 28 mars dernier, la police gouvernementale a pénétré sur la “Terre Sainte » du bouddhisme hoa hao pour y arrêter un fidèle de cette religion, M. Truong Van Thuc, coupable de “calomnie antigouvernementale selon les déclarations des agents de la sûreté. Il a été amené, les menottes aux mains, jusqu’à la prison provinciale de An Giang où il a été incarcéré. Ce n’est pas la première fois que cet adepte de la religion hoa hao est recherché par les autorités policières et emprisonné. Le 26 décembre 1999, les forces de la sécurité l’avaient déjà appréhendé avec huit autres fidèles alors qu’ils préparaient une cérémonie religieuse destinée à célébrer l’anniversaire de la mort du fondateur de cette religion, assassiné par le Viêt Minh durant la première guerre d’Indochine (13). Pendant les deux jours qu’avait duré leur détention, de mauvais traitements leur avaient été infligés par la police. Leur libération avait été obtenue grâce à l’intervention de membres du Congrès américain, particulièrement de M. Christ Smith que les fidèles hoa hao avaient rencontré une semaine auparavant. Aussitôt après leur mise en liberté, ils avaient envoyé une plainte au Premier ministre et au Tribunal populaire suprême.

Peu avant la seconde arrestation de Truong Van Thuc, le 11 mars dernier, la police avait fait irruption dans la maison d’un fidèle hoa hao du hameau de Thoai Son, alors qu’il célébrait l’anniversaire d’un défunt. Les agents de sécurité s’étaient montrés extrêmement brutaux à l’égard des 13 participants de cette cérémonie. A l’issue de l’intervention policière, deux vieillards avaient été conduits à l’hôpital, deux participants plus jeunes, blessés gravement, s’étaient vus refuser les soins des services de santé publics, tandis que trois autres étaient arrêtés. Le 20 mars suivant, Truong Van Thuc et dix autres fidèles hoa hao avaient envoyé une autre plainte au Premier ministre et au secrétaire général du parti communiste pour protester contre les brutalités policières et demander la libération de trois fidèles emprisonnés. La veille de la seconde arrestation, une délégation du Parquet populaire de An Giang s’était déplacée sur les lieux pour interroger les signataires de la plainte. Après un long interrogatoire, ils avaient été relâchés. Ce n’était que partie remise pour Truong Van Thuc qui a été arrêté le lendemain.

En réalité, cette arrestation et les autres tentatives d’intimidation mises en ouvre par les autorités contre la communauté hoa hao fait partie d’une campagne gouvernementale surtout destinée à empêcher la fameuse célébration de l’anniversaire du fondateur, Huynh Phu So, qui avait été programmée pour le 30 mars. Le temple ancestral (Tô Dinh), lieu de naissance du fondateur, où devait avoir lieu la cérémonie, est entouré d’un cordon policier qui en empêche l’entrée et selon les rapports recueillis par la communauté hoa hao des Etats-Unis, les communications téléphoniques sont soigneusement surveillées. D’après l’agence Reuters, un peu moins d’un millier de fidèles étaient attendus pour cet événement.

Après une longue période durant laquelle, la religion Hoa Hao n’a eu pratiquement pas d’existence officielle, les autorités vietnamiennes ont approuvé et patronné le 26 mai 1999, dans la province de An Giang, la réunion d’un Congrès auquel participaient, selon l’Agence vietnamienne de presse, environ 120 délégués choisis parmi les adeptes de cette religion (14). Le gouvernement y était représenté par Lê Quang Vinh, chef du bureau des Affaires religieuses du gouvernement et par des délégués des autorités provinciales. A l’issue de ce congrès, un comité d’administration de onze membres a été élu, dont la présidence a été donnée à Nguyên Van Tôn, aussi appelé Muoi Tôn. De nombreux protestataires qui, depuis, n’ont cessé de manifester et de faire entendre leurs voix accusent ce dernier d’être un cadre communiste, travaillant au sein du Front patriotique et du Conseil populaire provincial.

A la fin du mois de juin 1999, pour la première fois depuis le changement de régime, les bouddhistes Hoa Hao avaient pu célébrer le saint jour de la commémoration de la fondation de l’Eglise. Près d’un million de fidèles y avaient participé, a-t-on rapporté. L’Etat vietnamien aurait essayé de limiter le nombre de participants par divers moyens (15).