Eglises d'Asie

De bonnes perspectives pour la cohabitation entre catholiques et musulmans à Timor-Oriental

Publié le 18/03/2010




Après l’indépendance du Timor-Oriental qui s’appelle désormais en langue tetum, Timor Lorosae, ce qui signifie Timor, terre du levant, la communauté musulmane ne constitue pas plus de 2 % d’une population où les catholiques sont 92 %, les protestants 4 %, les hindous, 0,2 %, les bouddhistes 0,1 % et les animistes 1,7 %. Selon les déclarations d’un de leurs dirigeants à Dili, Hajji Jamal Chaniago, c’est avec une certaine sérénité que, malgré leur petit nombre, les adeptes de l’islam envisagent leur cohabitation avec la majorité catholique. Déjà, ils ont commencé à vaquer à leurs occupations traditionnelles dans les restaurants, les boutiques et les commerces divers. Ils tiennent pour un signe de bon augure, le fait qu’après les violences qui ont suivi le référendum sur l’indépendance du mois d’août de l’année dernière, les catholiques ne se soient laissés aller à aucune répression sectaire. Le responsable musulman a souligné que ceux-ci ont voulu maintenir leur lutte sur le plan purement politique sans aucune interférence avec les sentiments religieux. La communauté musulmane qui, au cours des événements, a réussi à préserver ses lieux de culte, conserve, pour cette raison, un sentiment de gratitude à l’égard des dirigeants timorais.

Lors des troubles sanglants du lendemain du vote, des milliers de musulmans ont fait partie de la vague des 270 000 réfugiés qui sont allés chercher asile au Timor occidental. Les 265 d’entre eux qui sont restés à Dili ont trouvé refuge dans la mosquée d’An’nur, dans le village de Alor. Ce sont pour la plupart des adeptes du soufisme muparridiyyah, originaires des provinces de Sumatra, Sulawesi, Java et Nusa Tangarra Timur. Depuis 1991, ils vivaient dispersés en divers lieux du territoire. Mais, après le référendum, ils se sont regroupés en ce lieu où habitaient depuis des centaines d’années, des musulmans descendants d’Arabes, qui, eux aussi, lors des événements, se sont enfuis au Timor occidental. Il est probable que la plupart des musulmans du Timor-Oriental, actuellement pensionnaires des camps du Timor occidental, reviendront dans leur pays, dont ils sont citoyens à part entière, avec leurs compatriotes des autres religions.

L’Administration temporaire des Nations Unies au Timor-Oriental s’est particulièrement préoccupée de la sécurité des musulmans de la région. Des agents appartenant aux forces de l’ONU ont été placés auprès de la mosquée pour en assurer la protection. Par ailleurs, grâce à l’aide de l’UNICEF, l’école islamique a pu ouvrir à nouveau ses portes. Quelque 80 enfants y ont repris leurs études en langue indonésienne (bahasa indonesia) et utilisent des manuels de classe indonésiens. Beaucoup de parents espèrent, dans un avenir proche, pouvoir envoyer leurs enfants dans les écoles islamiques d’Indonésie.

Dans leur ensemble, les musulmans du Timor souhaitent vivement que des relations amicales soient établies entre Timor Lorosae et les pays voisins, plus particulièrement avec l’Indonésie. Selon eux, de bonnes relations entre ces deux nations profiteraient grandement à leur développement respectif et, surtout, rendraient plus facile la cohabitation des catholiques et des musulmans dans ce pays dont l’indépendance vient d’être reconnue.