Eglises d'Asie

La commission catholique des migrants pétitionne le gouvernement philippin sur le sort fait à Singapour aux employées de maison philippines

Publié le 18/03/2010




Dans une lettre en six points, rendue publique au cours du mois de mars, au ministre des Affaires étrangères philippin, Domingo Siazon, la commission pastorale catholique des migrants, de l’archidiocèse de Singapour, demande au gouvernement philippin de se préoccuper davantage des employées de maison philippines qui connaissent des problèmes à Singapour.

Parmi “les besoins urgents » identifiés par la commission, on note la nécessité d’améliorer les conditions d’accueil des employées de maison en difficulté. Les facilités physiques du refuge fourni par l’ambassade des Philippines sont largement inadéquates pour les 40 à 50 personnes qui doivent y résider pour des périodes allant de quelques jours à plusieurs mois. Par ailleurs, remarque la commission, les employées de maison en difficulté ont besoin d’aide psychologique et légale de manière habituelle. Selon Bridget Lew, présidente de la commission, plusieurs employées de maison logées au refuge ont déjà tenté de se suicider.

La commission suggère aussi que des négociations bilatérales entre Singapour et les Philippines puissent faciliter le règlement des problèmes en cours. Enfin, elle appelle aussi le gouvernement de Singapour à faire en sorte que les employées de maison étrangères soient protégées par la loi du travail comme tous les autres travailleurs. La commission ne s’aventure pas cependant à analyser plus précisément les responsabilités du gouvernement singapourien.

A Singapour, selon un code jamais modernisé, datant de la colonisation britannique, les employées de maison ne font pas partie des catégories de travailleurs soumis à Act, qui précise les conditions de travail, de salaire, de congés des employés. Leur sort est réglé par des décrets administratifs du ministère du Travail et du département de l’Immigration qui en font potentiellement des esclaves modernes sans droits établis. Les difficultés rencontrées par les employées de maison étrangères à Singapour sont le plus souvent le non-paiement des salaires, le refus de l’employeur d’accorder un jour de congé hebdomadaire, les mauvais traitements physiques. Rien dans la législation de Singapour ne permet l’intervention des services de l’Etat dans ces domaines. Le gouvernement exige par ailleurs de chaque employeur le dépôt d’une somme de 5 000 dollars au cas où l’employée de maison étrangère deviendrait enceinte ou commettrait une infraction au cours de son séjour à Singapour. Cette pression du gouvernement incite évidemment les employeurs à un contrôle souvent mesquin des activités et des relations de leurs employées et ne facilite pas leurs relations mutuelles.

Dans les années 1980, l’Eglise catholique de Singapour avait fondé un Centre pour les travailleurs étrangers qui fonctionnait avec une soixantaine de volontaires et une douzaine d’avocats. Ce Centre recevait les employées de maison étrangères en difficulté, leur fournissait un avocat quand c’était nécessaire, négociait les solutions possibles avec les employeurs, le ministère du Travail et le département de l’Immigration. En 1987, le Centre fut fermé par l’Eglise sous la pression du gouvernement qui ne voulait pas voir apparaître une société civile en concurrence avec lui dans des domaines qu’il estime être de sa seule compétence (8).