Eglises d'Asie

Papouasie : les Eglises chrétiennes unissent leurs efforts à ceux des autorités locales pour faire face à l’afflux de réfugiés

Publié le 18/03/2010




Les Eglises chrétiennes en Papouasie, province extrême-orientale de l’Indonésie, viennent à l’aide des autorités locales pour faire face ensemble à l’afflux de réfugiés qui fuient les violences des Moluques. Le 24 mars, Mgr François Xavier Hadisumarta, évêque catholique de Sorong-Manokwari, a écrit, dans une lettre adressée à la Conférence des évêques catholiques d’Indonésie (KWI, Konferensi Waligereja Indonesia), que 998 réfugiés sont arrivés en Papouasie en moins d’une semaine mais que les autorités locales ne sont pas préparées à un tel afflux. Les réfugiés, protestants et catholiques, sont arrivés de Bula en bateau entre le 14 et le 16 mars (7). « Ils ont été expulsés de Selam, pourchassés par les musulmans », rapporte l’évêque. La ville de Bula est située sur l’île de Selam, à 270 km au sud de Sorong. Le diocèse de Sorong-Manokwari est situé dans la partie ouest de la Papouasie.

« Le gouvernement de la province est dépassé. Quelques entreprises privées ont accepté d’accueillir une centaine d’ouvriers venus de Selam. Pour les autres, leur seul espoir résidait dans les Eglises locales », écrit l’évêque. Les protestants ont été pris en charge par leurs propres communautés. Les catholiques, quant à eux, ont trouvé refuge dans la cathédrale ; 314 personnes y sont entassées. « C’est tout ce que nous pouvons faire. Nous n’avons pas d’autres locaux». Les protestants sont dans les mêmes conditions. Tous vivent dans l’incertitude du lendemain. Fort heureusement, la nourriture ne manque pas.

Mgr Hadisumarta indique qu’avant l’arrivée des réfugiés, les autorités locales, la population, les communautés et les responsables religieux étaient tombés d’accord pour dire que Sorong ne pouvait être qu’un lieu de transit. « C’est pourquoi, dès le jour de leur arrivée et sans relâche, les gens d’ici les poussaient à partir explique l’évêque. « Tous les jours, ces gens étaient terrorisés par les gens d’ici ». Incapables de résister à la pression, les réfugiés avec l’aide des chrétiens ont finalement quitté Sorong. Beaucoup sont allés à Tual sur l’île de Key, à 540 km au sud de Sorong. « C’est triste, commente l’évêque, ces expulsés l’ont été deux fois ».

Le P. Ignatius Ismartono, jésuite et secrétaire général de la commission pour les affaires interreligieuses de la KWI, a indiqué que Mgr Hadisumarta avait besoin de 95 millions de roupies (12 752 $US) pour accueillir les réfugiés qui continuent d’affluer. De son côté, Simon Uneputty, de l’Eglise protestante des Moluques, a fait savoir que lui, la communauté d’Amboine et d’autres organisations travaillaient pour « apporter une aide matérielle et morale aux réfugiés, aux malades dans les hôpitaux et aux prisonniers. Nous avons aussi organisé ensemble une campagne de prières. Inaugurée par Mgr Mandagi, évêque [catholique] d’Amboine, dans sa cathédrale, elle se clôturera dans l’église protestante de Maranatha ». Le pasteur a précisé que cette campagne de prières avait pour but d’encourager le peuple des Moluques à mettre un frein à la haine, au sectarisme et à la violence pour que tous travaillent ensemble pour la paix et la réconciliation.