Eglises d'Asie

Célèbes : le sectarisme est à l’origine d’une émeute qui a fait 6 morts et 31 blessés

Publié le 18/03/2010




Poso, une ville du centre des Célèbes, a été le théâtre de violentes émeutes qui ont causé 6 morts et 31 blessés et forcé des milliers de personnes à fuir leur domicile. Située à 1 620 km au nord-est de Djakarta, la ville a été paralysée le 17 et le 18 avril par une émeute qui a obligé les habitants soit à se terrer chez eux, soit à s’enfuir pour échapper à la brutalité des émeutiers. D’après une lettre du révérend I. Y M. Wuri, de l’Eglise chrétienne (protestante) du centre de Célèbes (GKST), 130 maisons auraient été incendiées le 17 avril. Les émeutiers, soupçonnés d’être des musulmans, ont incendié également une église protestante, une salle polyvalente, les bureaux de la communauté chrétienne de Peniel et trois écoles appartenant à la GKST.

Sylvester Tangkau, de l’équipe d’animation de la paroisse catholique Ste Thérèse à Poso, a confirmé par téléphone les informations données par le révérend Wuri. Il a indiqué que tout était parti d’une dispute entre deux jeunes à la gare routière le 16 avril, dispute vite transformée en émeute mettant aux prises les gens de Lambogia et de Kayamanya. Quand les émeutiers s’en sont pris aux maisons et qu’ils les ont incendiées, la police a fait usage de ses armes afin de disperser les groupes. Trois musulmans du quartier ont été tués. Exaspérés par les tirs de la police, les affrontements ont alors redoublé de violence.

Tangkau fait observer que l’agitation se situait dans une zone à majorité protestante, où les catholiques sont encore bien moins nombreux que les musulmans. Des appels ont été lancés aux chrétiens par les responsables des Eglises locales et des communautés pour leur recommander de « ne pas opposer de résistance aux attaques des émeutiers ». La paroisse de Ste Thérèse, qui compte 2 230 catholiques – dont une majorité de migrants venus de Java, Bali et de Florès -, éloignée de 20 km du lieu des émeutes, a été épargnée.

D’après le lieutenant-général Budiardjo, interviewé par le Jakarta Post le 19 avril, 2 000 personnes qui ont fui la ville le 17 avril ne sont pas encore rentrées. 1 580 d’entre elles ont trouvé refuge dans des locaux de la police. Tangkau indique pour sa part que le gouverneur de la province des Célèbes centrales était prêt à rencontrer les responsables religieux locaux pour trouver avec eux des solutions viables aux conflits sectaires qui agitent l’Indonésie. Le révérend Joseph M. Pattiasina, ancien secrétaire général de la Communion des Eglises (protestantes) d’Indonésie, a déclaré à propos de ces émeutes : « La religion ne doit pas être utilisée comme un prétexte pour se battre. Nous continuerons à mettre en garde les chrétiens dans la région afin qu’ils ne se laissent pas aisément entraînés par des provocateurs ».