Eglises d'Asie – Inde
Un colloque organisé sous l’égide de la Conférence épiscopale demande que soit renforcée l’autonomie légitime de l’Eglise locale
Publié le 18/03/2010
Ce colloque, qui est le sixième du genre – le premier ayant été organisé par la commission doctrinale en 1976 -, s’était donné pour thème : “Traditions héritées et inculturation avec le souci de confronter l’héritage chrétien au contexte pluriculturel de l’Inde. Le rapport du colloque a exprimé ce thème d’une autre manière en affirmant que la proclamation de l’évangile devait prendre en compte l’héritage culturel du passé en fonction du système de valeurs religieuses du pays. Les diverses cultures de l’Inde représentent pour la foi chrétienne une sorte de défi qu’elle doit relever sans crainte. Ce défi, en tant qu’il est un appel à la créativité de l’Eglise, doit être considéré comme une grâce accordée à notre temps.
La foi chrétienne, ont affirmé certains participants, est arrivée en Inde, véhiculé par un vocabulaire hérité de diverses cultures. Bien que ces formulations doctrinales, “héritées » d’ailleurs, gardent une valeur permanente pour l’expression de la foi des communautés chrétiennes, elles ne peuvent pas être transportées ou traduites dans d’autres cultures sans autre forme de procès. Elles doivent donc, ont précisé les théologiens présents, être recomposées, transformées, réappropriées, sans que leur sens en soit altéré ou diminué. Sans la prise en compte culturelle qu’implique une telle transformation, il n’y aura jamais d’Eglise locale qui mérite ce nom.
Selon les membres du colloque, le cour de la culture religieuse indienne, c’est la conviction que les croyants des différentes religions participent à un même pèlerinage orienté vers Dieu. A ce propos, les évêques et les théologiens présents ont fait remarquer que les diverses expressions de l’exclusivisme chrétien, comme la plénitude de la révélation chrétienne, l’unicité du Christ, ne devraient pas être employées comme des verdicts portant sur les autres religions et les condamnant. Ils ont plaidé pour un langage théologique plus symbolique que dogmatique, plus contemplatif que conceptuel. La montée du fondamentalisme dans le pays devrait inciter les chrétiens à ce retour aux sources indiennes. Le rapport du colloque souligne en conclusion l’urgence de ce retour. “Il faut, dit-il, accélérer le processus de l’inculturation. »
A l’issue de la parution du rapport, le secrétaire de la Commission doctrinale, chargé d’organiser le colloque, a souligné le fait qu’il s’agissait là d’un rapport et non pas d’un communiqué. S’il n’a pas été appelé “communiqué c’est parce qu’il a suscité chez les participants un certain nombre d’objections et n’a pas recueilli l’accord unanime des vingt évêques et 43 théologiens qui ont participé aux débats. Cependant, Mgr Alan de Lastic, président de la Conférence épiscopale, a affirmé au correspondant de l’agence UCA news son accord avec le rapport. Il comporte, selon lui, des points intéressants concernant l’inculturation de la liturgie et de la prière, ainsi que la présentation d’une nouvelle manière d’être l’Eglise en Inde.
Un des participants du colloque, le P. Samuel Rayan, qui depuis 1980 a rejoint l’Association ocuménique des théologiens du tiers monde, a fourni son propre commentaire des conclusions contenues dans le rapport. Il a, en particulier, mis au clair, ce que, selon lui, impliquait l’expression “une légitime autonomie des Eglises locales Cette autonomie devrait ainsi dispenser les évêques de présenter au Vatican la traduction de prières en langue locale à des personnes qui ne comprennent pas cette langue. D’une façon générale, le religieux a accordé son assentiment à l’ensemble du rapport dont il apprécie les passages traitant de l’enracinement culturel, de la liberté que doit garder l’Eglise locale dans le domaine de la théologie, du culte et des structures administratives ainsi que de la conception de la théologie “plus symbolique que dogmatique, plus contemplative que conceptuelle Il regrette seulement que ce compte-rendu des travaux du colloque n’ait paru que sous la forme d’un rapport et non pas sous celle d’un communiqué qui aurait engagé la totalité des participants.